En suivant l'empreinte laissée par le langage des hommes au cours de leurs pérégrinations, on peut retracer leur origine.
Il y a fort longtemps, une population de pasteurs nomades, parcourant les terres aux confins de lAsie et de lEurope, quitta vraisemblablement l'Arménie et entreprit une longue marche vers louest pour les uns, vers le sud et lest, pour les autres. Les premiers s'établirent graduellement dans ce qui deviendra l'Europe et les seconds dans le bassin fertile du Gange. Du Gange au Népal, il n'y avait qu'un pas. Ces derniers ont poursuivi leur route et ont traversé les premiers contreforts de la chaîne himalayenne pour se rendre jusque dans la vallée de Katmandou, alors occupée par les Newars. Les Aryens, comme ils se désignaient eux-même, ou Indo-Européens, comme on les a désigné plus tard, aurait mis une quinzaine de siècles pour atteindre le bassin du Gange.
Il ne faut donc pas se surprendre si plusieurs mots nepali sont semblables aux nôtres, que l'on soit Français, Espagnol, Italien, Allemand, Anglais ou Russe. Le nepali dérive de l'hindi, la langue officielle de l'Inde, et l'hindi dérive du sanskrit. Or, le sanskrit apparaît à plusieurs linguistes comme le reflet le plus fidèle de ce que fut l'indo-européen, la langue souche de plusieurs langues parlées aujourd'hui en Europe et en Amérique. Et, de conclure Jean Ratel (1991), à qui je dois ces explications, « ... si les Népalais emploient certains mots si proches des nôtres, c'est bien en raison d'une source ancestrale commune. »
Dans le haut Himalaya népalais toutefois, les langues et dialectes sont tous de souche tibéto-birmane. Des groupes d'origine mongoloïde sont en effet arrivés par le nord. Habitués à l'altitude, ils ont franchi, il y a plusieurs centaines d'années, les plus hauts cols himalayens pour venir s'installer dans les hautes vallées accrochées au flanc sud du Grand Himalaya au Népal.
Certains de ces groupes sont descendus plus au sud dans les Moyennes montagnes. Ils y ont subi l'influence des Indo-Népalais et sont devenus plus perméables aux valeurs hindouistes. La plupart des groupes en voie d'hindouisation conservent néanmoins des éléments de leur bagage culturel ancestral bouddhiste.