Himalaya du Népal

 

 

 

Le bouddhisme tibétain

Le bouddhisme a pris naissance dans le nord de l'Inde sous l'impulsion des enseignements du prince Siddharta Gautama, né en 653 avant J.C., et reconnu plus tard comme le bouddha historique Sakyamuni.

Réunissant ses disciples en une communauté monastique intégrée à la tradition brahmanique, Siddharta Gautama rejeta certains aspects de la philosophie hindouiste de l'époque en niant la validité de certaines écritures védiques, en rejetant les cultes sacrificiels qui en découlaient et en réfutant que le niveau spirituel d'une personne était lié à une caste par sa naissance. L'évolution du bouddhisme a donné lieu à trois grands écoles : l'Hinayana, le Mahayana et enfin le Vajrayana.

Objets de culte tibétains

objets de culte du bouddhisme tibÉtain

Vers 750, Padmasambhava, aussi appelé Guru Rimpoche, tâcha d'unifier la doctrine Vajrayana et les cultes bonpos, ce qui donna naissance à une nouvelle forme de bouddhisme : le bouddhisme tibétain ou lamaïsme.

Bonnets rouges et bonnets jaunes

Le grand maître du bouddhisme tibétain fonda l'ordre Nyingmapa, la Lignée des Anciens, et ses moines prirent la robe et la coiffe rouges pour se distinguer des prêtes bonpos. Pour lutter contre la domination de la religion bon, d'autres ordres virent le jour au cours des siècles suivants : celui des Sakyapas, celui des Kagyupas, celui des Karmapas, tous désignés par la dénomination de « Bonnets rouges ».

Ces ordres rivalisèrent pour étendre leur influence sur le Tibet. Cette religion pénétra toutes les couches de la société tibétaine, au point de se confondre avec sa culture. Elle a très tôt franchi les frontières du Tibet pour essaimer partout dans le haut Himalaya en rejoignant le nord de l'Inde (Ladakh, Sikkim), le nord du Népal (Dolpo, Humla, Mustang, Khumbu) et le Bhoutan.

Vers le XVe siècle, le réformateur Tsongkhapa rassembla en un canon unique, les éléments essentiels de tous les enseignements bouddhiques et fonda l'ordre des Gelugpas, la Lignée des hommes vertueux, dont les moines prirent la coiffe jaune et devinrent dans le langage populaire, les « Bonnets jaunes ».

Le guide de cet ordre devint le chef spirituel et temporel du Tibet. Le troisième guide reçut d'un roi mongol, le titre de Dalaï-Lama (Océan de sagesse), titre qui fut attribué rétroactivement à ses prédécesseurs. Chaque Dalaï-Lama fut dès lors considéré comme la réincarnation de son prédécesseur.

Tantrisme

Le bouddhisme tibétain, souvent qualifié de bouddhisme tantrique, postule que les paroles du Bouddha sont aussi contenus dans les tantras, des vieux textes ésotériques hindous.

Le tantrisme consiste en une discipline regroupant un ensemble de techniques visant à canaliser l'énergie du pratiquant afin de lui permettre de progresser plus rapidement sur la voie de l'illumination. Les adeptes du tantrisme affirment que certaines techniques donneraient des pouvoirs surnaturels à ceux qui parviennent à les maîtriser. Ce qui faisait dire à Alexandra David Neel, la grande exploratrice française du début du XXème siècle, que la religion des Tibétains s'appuyait sur la magie.

Cultes et rituels

Le bouddhisme tibétain s'appuie sur de nombreux rituels et objets de culte et accorde une grande place au mouvement et au son durant les cérémonies religieuses. Symbolisant le diamant et la foudre, le vajra (sanskrit), aussi appelé dorje (tibétain), représente l’indestructibilité venant à bout de tous les obstacles. Il détruit notamment l'ignorance pour favoriser la sagesse. Dans les rituels tibétains, le vajra est souvent employé avec la cloche ghanta (sanskrit) ou drilbou (tibétain). Ils symbolisent alors respectivement les principes masculin et féminin.

Vajra
Vajra ou Dorje

Les manifestations tantriques du bouddhisme tibétain lui confèrent un caractère ésotérique. Elles visent principalement à faciliter chez le pratiquant, la compréhension des notions abstraites du tantrisme et, conséquemment, à favoriser la méditation.

Moines et lamas

La signification des textes tantriques ne peut être saisie sans l'assistance d'un grand maître religieux, le lama. Celui-ci jouit d'un grand prestige dans la communauté tibétaine. Le lama n'est pas nécessairement moine. Il peut même être marié. Pour progresser dans la pratique du tantrisme, le disciple doit faire appel à un lama qui l'initiera et le guidera tout au long de son apprentissage, tant au plan de l'approfondissement de ses connaissances que dans la maîtrise des techniques tantriques.

Niveaux d'approfondissement

On peut s'étonner des aspects apparemment magiques et supersticieux du bouddhisme tibétain. Cette forme du bouddhisme, comme c'est sans doute le cas de toutes les autres grandes religions, présente différents niveaux d'approfondissement. Les connaissances des moines et des grands lamas, qui étudient pendant quinze à vingt ans la philosophie et les textes sacrés dans les grandes écoles monastiques, diffèrent passablement des croyances des masses populaires qui, avant tout, craignent les mauvais esprits et cherchent à les amadouer en faisant souvent appel à des chamans et des lamas de village.

Mandala de sable Photo

Toutefois, tous accordent une place centrale aux rituels dans leur pratique du bouddhisme : le paysan faisant tourner son moulin à prières; le pèlerin contournant un chorten par la gauche ou accrochant un drapeau à prières au passage d'un col; le moine psalmodiant un mantra sur un ton monocorde pour créer un état propice à la méditation; le lama méditant à l'aide d'un mandala. Par ces rituels, tous cherchent à améliorer leur karma et à progresser sur la voie de l'illumination.

 

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Écoles du bouddhisme

On distingue trois grandes écoles au sein du bouddhisme

Hinayana
Au coeur de l'enseignement du Bouddha réside quatre grandes vérités. La vie est souffrance, une souffrance sans fin qui se perpétue à travers le cycle des réincarnations successives (samsara). La souffrance a pour cause l'ignorance de la véritable nature de l'homme et du monde, ignorance qui le conduit dans une quête incessante du bonheur par la satisfaction de ses désirs et son attachement à sa propre existence et à celle des autres qui le condamnent à se perpétuer. Le bonheur ne peut qu'être temporaire car rien n'est durable : l'univers est soumis à la loi de l'impermanence, tout est en constante transformation. Le but ultime de l'homme consiste à atteindre le nirvana, un état d'illumination qui, par la pratique quotidienne des vertus les plus exemplaires, met fin à l'ignorance, et partant, à la souffrance, brisant ainsi le cycle des réincarnations. L'être atteint alors un état de conscience au-dessus de toute définition. Quête philosophique complexe, doctrine sans dieu centrée sur le salut individuel, le nirvana n'était à toutes fins pratiques réservé qu'aux lettrés qui pouvaient accéder aux ordres monastiques. Cette doctrine donna naissance à plusieurs écoles, toutes centrées sur la voie monastique comme moyen d'atteindre le salut individuel. Simplifié à l'extrême, tel est l'essentiel de la doctrine originelle Theravada.

Mahayana
Un courant de pensée se détacha de la doctrine Theravada, désormais surnommée Hinayana (Petit Véhicule). L'école Mahayana (Grand Véhicule) insista sur l'entraide nécessaire à l'illumination en s'appuyant sur les boddhissatvas, ces vertueux ayant atteint la sagesse, dotés de compassion et capables de retarder leur accession au nirvana pour aider les autres à se libérer de la souffrance et atteindre la perfection. On en vint à considérer le Bouddha non plus seulement comme le grand maître des enseignements originels mais comme un être éternel et omniprésent. Plusieurs autres dieux firent leur apparition constituant ainsi un véritable panthéon bouddhiste. Le Mahayana gagna rapidement le nord de l'Inde. Il se subdivisa en plusieurs sectes et se propagea au Tibet et dans plusieurs régions d'Asie.

Vajrayana
Vers le Ve siècle, sous l'influence des doctrines tantriques hindoues, l'une de ces sectes intégra aux principes du Mahayana, des pratiques et des croyances populaires issues de croyances animistes, donnant ainsi naissance au Vajrayana (Véhicule du Diamant). Le Vajrayana préconisait le recours à un ensemble de rituels ayant pour but de canaliser l'énergie pour progresser plus rapidement sur la voie de l'éveil. Introduit au Tibet en 640, lorsque le roi Songtsen Gampo fit de cette doctrine la religion d'État, le Vajrayana fut confronté à la religion bon essentiellement animiste. Les prêtres bonpos usaient de pratiques magiques et divinatoires pour soi-disant manipuler les mauvais esprits. Malgré leur grande rivalité, ces deux religions partageaient une même conception de l'univers, une superposition de trois mondes : le monde supérieur des dieux et bons génies, le monde médian des hommes et des animaux et enfin le monde inférieur des esprits malfaisants. Tant les prêtres bonpos que les prêtres bouddhistes cherchaient à maîtriser le monde supérieur et le monde inférieur. À cette fin, le Vajrayana incorpora des pratiques tantriques et fut dès lors perçu par plusieurs comme une religion ésotérique faisant appel à la superstition et à la magie.

Carte Répartition du bouddhisme

Tenzing Gyatso, XIVe Dalaï-Lama

Sa Sainteté Tenzing Gyatso, XIVe Dalaï Lama, est reconnu par tous les ordres religieux du lamaïsme et l'ensemble de la communauté tibétaine comme le chef suprême du bouddhisme tibétain. En 1959, sous la menace chinoise, le Dalaï Lama dû quitter le palais du Potala à Lhassa pour s'enfuir en Inde. Son Gouvernement en exil est établi depuis à Dharamsala.

Tenzing Gyatso, 14e Dalaï-Lama

Pour l'actuel Dalaï Lama, la progression vers le nirvana peut passer par plusieurs chemins complémentaires. Le bouddhisme tibétain a tâché d'intégrer les trois écoles (Hinayana, Mahayana et Vajrayana) pour en faire un ensemble cohérent. Selon lui, «...tous les enseignements convergent vers le même but : soulager la misère en brisant le cycle des réincarnations. »

Panchen Lama

Le Panchen Lama (Grand Érudit) et le Karmapa sont respectivement les deuxième et troisième dignitaires de la hiérarchie lamaïste. Ils sont aussi considérés comme les réincarnations de leurs prédécesseurs. Le Panchen Lama se consacre essentiellement aux affaires religieuses.

À la mort d'un Dalaï Lama, la tradition veut que, sous la direction du Panchen Lama, les dignitaires de la hiérarchie religieuse partent en pèlerinage à travers le pays pour découvrir au sein du peuple, la réincarnation de leur chef religieux. L'enfant sélectionné sera celui qui saura reconnaître les objets rituels ayant appartenu au défunt Dalaï Lama. Il en va de même pour les autres dignitaires religieux et les Tulkus, d'éminents religieux qui, selon la croyance, se réincarnent pour perpétuer leur rôle à travers les générations.



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