La ferveur religieuse
Mis à part
le relief gigantesque de la chaîne, ce qui frappe avant tout
le visiteur séjournant en Himalaya, ce sont la ferveur religieuse
de ses populations et l'omniprésence du divin. Partout en
Himalaya, chez les bouddhistes comme chez les hindouistes, la prière
et le recueillement imprègnent les gestes de la vie quotidienne. À la
ville comme à la montagne, dans les villages comme sur les
itinéraires de trekking, le regard interceptera inévitablement
les manifestations de leur dévotion.
Les
populations bouddhistes considèrent la vie comme la somme
de leurs bonnes et mauvaises actions. La récitation de prières
et d'invocations revêt une importance capitale pour elles
parce qu'elle s'inscrit positivement dans leur karma. Un karma
positif méritera au croyant une vie meilleure dans une prochaine
incarnation.
Machines à prier
Aussi,
non seulement les bouddhistes prient-ils à tout moment du
jour mais ils ont bâti des « machines » à prier qu'il suffit d'actionner, tout en faisant autre chose, afin que les prières
et invocations qu'elles contiennent soient transmises aux dieux.
Moulin À priÈres
Le dispositif le plus ingénieux
est le moulin à prières. Le moulin
portable est
constitué d'un cylindre fixé à un manche que
l'on fait tourner dans le sens des aiguilles d'une montre. Les prières
sont gravées sur du papier inséré à l'intérieur
du cylindre ou sur la face extérieure du cylindre. Chaque
tour du cylindre sur son axe constitue une prière pour celui
qui l'actionne.
Suivant le même principe, des moulins à prières sont encastrés en rangée dans les murs de façade des temples. Beaucoup
plus gros, des moulins ont été construits au bord
des torrents. Ils sont actionnés par l'eau qui dévallent
des pentes, assurant ainsi la « récitation » de prières en permanence.
Népalaise faisant tourner les moulins à prières
encastrés dans le mur d'enceinte d'un temple. Lors de la puja, il suffit d'allonger le bras en passant pour faire tourner les moulins qui « réciteront » les prières inscrites sur du papier à l'intérieur du cylindre ou sur la surface même du cylindre.
Drapeaux À priÈres
Lors de la traversée d'un col,
les caravaniers, les pèlerins, les porteurs et les marcheurs
nouent un petit « drapeau à prières » à une
corde où sont déjà accrochés des dizaines
de drapeaux similaires. Des modèles préfabriqués,
constitués de longues cordes auxquelles ont été fixés
des drapeaux à prières multicolores, sont disponibles
sur le marché. Attachés aux toits des maisons, accrochés
aux pinacles des temples, tendus aux sommets des cols, ces drapeaux
colorent les paysages himalayens. Sous l'effet du vent, chaque
ondulation des pièces d'étoffe, portant le texte
d'une invocation, transmettra la prière aux dieux habitant
les hauts sommets. Partout dans l'aire tibétaine, à toute
heure du jour et de la nuit, des prières s'envolent ainsi
vers la demeure des dieux.
Pierre mani
Déposer une pierre mani gravée
d'invocations sur un mur mani construit
au milieu d'un sentier, constitue une prière. Longer ce
mur par la gauche équivaut à réciter chacune
des invocations inscrites sur chacune des pierres entassées
sur le muret. Non seulement le passant améliore-t-il son
karma en longeant le mur mani mais tous ceux qui y ont déposé des
pierres mani bénéficieront également
des prières ainsi récitées machinalement.
La nourriture du culte
La
nourriture occupe une place très importante dans les rites
hindous. Tôt le matin, les Népalaises se rendent
aux temples. Elles ont déposé dans leurs plateaux
d'offrandes des grains de riz, des morceaux
de gâteau et de fruits, de l'eau, des pétales de fleurs, qu'elles offriront aux dieux qu'elles vénèrent. C'est la puja.
Durant la cérémonie du Prashad (Prasad), la nourriture est offerte à la divinité par l'intermédiaire d'un prêtre. La divinité goûte l'offrande qui lui est présentée. La nourriture ainsi sanctifiée par la présence de la divinité (prasada) est ensuite
partagée entre les fidèles présents.
À l'occasion
des grandes fêtes religieuses, les bouddhistes préparent
les tormas, des petites
figurines fabriquées en beurre de yack qu'ils décorent
minutieusement et déposent sur les autels, à côté des
nombreuses lampes à beurre, ces petites coupelles remplies
de beurre de yack que l'on allume pour honorer les dieux.
Grands pèlerinages
Les
grands pèlerinages sont pratiques fréquentes en
Himalaya. Des familles entières, tant hindouistes que
bouddhistes marchent pendant des jours sur les sentiers conduisant
aux sources du Gange, fleuve sacré d'entre tous pour les
hindous, au mont Kailash, considéré comme le centre
de l'univers par l'hindouisme et le bouddhisme, ou à Muktinath,
un sanctuaire célèbre pour son temple dédié à Vishnu
et son gompa bouddhiste.
Sadhus et gomchens
Les
sadhus, ces saints hommes itinérants de l'hindouisme,
font des pèlerinages l'essentiel de leur existence, en
abandonnant tout pour errer de lieu saint en lieu saint à la
recherche de l'illumination. Ne possédant rien, ils vivent
des aumônes de la population. Habillés de robes
excentriques aux couleurs voyantes ou presque nus, le corps barbouillé de
cendre, ils cherchent à se détacher des êtres
et des objets de ce monde et pratiquent la méditation
pour atteindre l'illumination. Les gomchens sont les
renonçants du bouddhisme. Autrefois, ils s'installaient
dans des grottes et y vivaient en ermite pour se soustraire aux
contacts sociaux susceptibles de les distraire de leur but :
l'atteinte de l'illumination par la méditation. De nos
jours, ils empruntent plutôt la voie de la communauté monastique et vivent dans des petites maisonnettes érigées autour des temples.
Crédits photo
© P. C. Weisbecker