Himalaya du Népal

 

 


Histoire de l'Himalaya

Les vieux textes religieux indiens, tibétains et chinois de même que les légendes populaires mentionnent l'existence de l'Himalaya depuis fort longtemps.

Les Aryens

On dispose de peu d'informations factuelles sur la période précédant notre ère cependant. On sait toutefois, nous apprennent Alain Chenevière (1998) et Jean Ratel (1991) que, parties du sud de l'actuelle Russie, des populations indo-européennes arrivèrent dans l'aire himalayenne environ 1 500 ans avant notre ère. Se désignant eux-mêmes Aryens (nobles), pour se distinguer des populations aborigènes qu'ils avaient vaincues, ces peuples s'établirent dans la plaine indo-gangétique et sur une grande partie du versant sud de la chaîne himalayenne. Au IIIe siècle avant J.C., le Cachemire et le futur Népal aurait fait partie de l'empire du roi Asoka. Quant au Grand Himalaya, aucun indice ne témoigne d'une présence humaine avant notre ère.

Dans les anciennes chroniques chinoises, il est fait mention de tribus tibétaines barbares que les généraux chinois parvenaient difficilement à repousser. Au IVe siècle après J.C., tandis que les Chinois hésitaient à affronter les Tibétains, ces derniers en profitèrent pour mener de nouvelles incursions sur le territoire chinois. Le Tibet, à l'époque, était constitué des fiefs autour de Yarlung (à proximité de l'actuelle ville de Lhassa) rassemblés par le roi Namri.

L'hégémonie du Tibet

Au IIIe siècle, un royaume, qui allait devenir le Népal, commença à émerger dans l'Himalaya central. Les Kiranti, maîtres du pays, favorisent l'expansion du bouddhisme. Les Lichhavi succèdent aux Kiranti sur le trône népalais au Ve siècle. En Chine, Tai Zong, premier empereur de la dynastie Tang, arrivé au pouvoir en 618, favorise la paix avec le Tibet et le Népal. En 641, le roi du Népal propose sa fille Bhrikuti en mariage au nouveau roi du Tibet, Songten Gampo, qui épousa dans la même année, Wengcheng, la fille de l'empereur chinois. Sous l'influence de ses deux épouses, ferventes bouddhistes, Songten Gampo adopte le bouddhisme comme religion officielle du Tibet. Les Thakuri puis les Malla profitent de cette période d'accalmie pour consolider l'autorité centrale au Népal. Le système de castes népalais est alors codifié.

Le Tibet, devenant de plus en plus puissant, fait la conquête du Kukunor et du Turkestan oriental appartenant à la sphère d'influence de la Chine. Il subira cependant trois défaites aux mains des Chinois entre 714 et 727. Malgré le traité de paix sino-tibétain de 730, le Tibet poursuivra ses incursions en territoire chinois tandis que la Chine tente d'agrandir son territoire dans l'Himalaya.

Trisong Detsen monte sur le trône de Lhassa en 795. Dirigeant la meilleure armée de toute l'Asie, le roi tibétain étendra son pouvoir par l'annexion du Ladakh, du Baltistan, du Sikkim et du Bhoutan. Les armées tibétaines entrèrent même dans la capitale chinoise de l'époque. Elles durent la quitter quelques jours plus tard. Le Tibet sera maître de l'Himalaya pendant deux siècles.

Les rivalités qu'entretiennent les princes tibétains et les conflits entre le clergé bouddhiste et les prêtres bonpo affaiblissent le royaume. Les musulmans profitent de la situation pour agrandir leur territoire dans l'Himalaya occidental.

Le protectorat mongol

La Chine, passe sous la domination des Mongols avec à leur tête Gengis Khan. Le Tibet favorise un rapprochement avec le nouveau pouvoir. Il devra accepter avec le temps le protectorat mongol. Les Mongols interviennent à plusieurs reprises au Tibet pour faire cesser les mouvements de rebéllion. Le fils de Gengis Khan, Kubilay Khan, un bouddhiste fervent, fondera la dynastie des Yuan et nouera des relations solides avec le Tibet. Les religieux profitent de cette situation pour instaurer une théocratie dont le siège se situera à Lhassa. Un souverain mongol nommera le premier Dalaï Lama, (Océan de sagesse) en 1758. Le pouvoir religieux dominera le Tibet jusqu'à l'annexion du pays par la Chine en 1959 et le départ en exil du 14e Dalaï Lama.

L'islam consolide ses positions dans l'Himalaya occidental, menaçant ainsi l'empire mongol qui lâche prise. Les Moghols, d'origine turco-afghane, construisent un empire qui dominera le continent indien pendant 200 ans.

Au Tibet, Ngawang Lotsang Gyatso, 5e Dalaï Lama, tente de réunifier le pays déchiré par les rivalités politico-religieuses. La dynastie des Yuan déclinante ne peut lui venir en aide. D'autres Mongols viennent l'aider mais se permettent d'intervenir de plus en plus dans les affaires du pays, allant même jusqu'à déposer le 6e Dalaï Lama. Les clans mongols opposés utilisent le Tibet pour tâcher de prouver leur supériorité.

La domination chinoise

L'empereur Kang Xi, appartenant à la dynastie mandchoue des Qing règnant alors sur la Chine, saisi l'occasion pour lancer ses armées sur le Tibet. Elles entrent à Lhassa en 1720, dépose le Dalaï Lama imposé par les Mongols et intronise le 7e Dalaï Lama tout en lui imposant la présence de deux hauts-commissaires chinois pour contrôler la politique tibétaine.

De nouvelles luttes intestines minent le Tibet. La révolte d'une partie des Tibétains contre les Chinois en 1751 offre l'occasion à Pékin de faire intervenir à nouveau les armées impériales et de consolider son pouvoir. Le Dalaï Lama ne peut exercer à toutes fins pratiques qu'un pouvoir spirituel à partir de 1757.

Les premiers Européens

Dès le début du XVIIe siècle, des membres de la Compagnie des Indes orientales britanniques étaient présents dans le sous-continent indien et envoyaient des observateurs dans les hautes montagnes, signale Michael Tylor (1985). Des Jésuites et des Capucins les avaient précédés. Dès 1624, des portugais, les pères Marquès et De Andrada avaient réussi à entrer au Tibet où ils fondèrent une mission à Tsaparang. Le Bhoutan fut visité par des missionnaires français en 1627. En 1661, les pères Grueber (autrichien) et d'Orville (belge) séjournèrent à Lhassa. Leurs observations fournirent de précieuses indications sur ces régions alors peu connues. Une première carte sérieuse de l'Himalaya fut ainsi établie en 1717 par le père Régis. L'attitude des missionnaires étant dérangeante pour le clergé bouddhiste, le Tibet et ses alliés, le Bhoutan, le Ladakh et le Sikkim, fermèrent leur porte aux étrangers au milieu du XVIIIe siècle.

L'Empire britannique des Indes

Mais les Anglais s'intéressent au Tibet et viennent à bout du pouvoir moghol. Les principautés indiennes tombent les unes après les autres. Un siècle plus tard, l'Empire britannique des Indes contrôle un territoire allant de l'Afghanistan oriental à la frontière sino-birmane. Londres s'intéresse alors à l'Himalaya. Des missions conduisent dans ces montagnes des hommes tels que le Hollandais Van de Putte et les Britanniques Bogle, Turner, Manning et Moorcroft. Van de Putte atteint Lhassa. Bogle rencontre le Panchen Lama à Shigatse et reconnaît la grande route transhimalayenne de l'est qui passe par le Bhoutan. Turner conduit la première mission officielle anglaise au Tibet. Moorcroft pénètre au Tibet occidental et obtient pour la compagnie le monopole du commerce par la grande route occidentale traversant le Cachemire. La Russie n'est pas en reste. Le colonel Nicolai Prjevalski sillonne le tibet de 1870 à 1888. Il réussit à s'approcher de Lhassa à deux reprises sans parvenir à pénétrer dans la ville interdite.

Consciente du danger, la Chine menace les Tibétains de représailles en cas d'assistance aux étrangers. Les relations avec les étrangers se durcissent et le Dalaï Lama fait pression pour interdire le pays. À la fin du XVIIIe siècle, l'Himalaya est à toutes fins pratiques un domaine interdit.

Manipulé par les Chinois, le Dalaï Lama envoient ses troupes envahir le Népal. Les Tibétains sont repoussés et le Népal reprend l'offensive et pénètre au Tibet ou il s'empare de Shigatse et du monastère de Tashilhumpo. L'empereur de Chine attaque les Népalais qui repousse l'offensive. Le traité de Betravati en 1792 met fin aux hostilités. Les Chinois en profitent pour imposer leur suzeraineté définitive sur le Tibet, désormais considéré comme une simple province méridionale de l'Empire. Le Ladakh, le Spiti, le Lahaul, le Sikkim et le Bhoutan, appartenant à l'aire d'influence du Tibet, parviennnent malgré tout à conserver une autonomie relative.

Les Anglais, considérant le Tibet comme la clé de l'Himalaya, imposent un protectorat au Bhoutan, au Sikkim, au Ladakh. Le Népal résiste. Il devra néanmoins subir la présence d'un résident à Katmandou.

Les Anglais et les Russes se disputent l'aire tibétaine. Les pères lazaristes Huc et Gabet (français), partis de Chine en 1846 pour se rendre à Lhassa, provoquent des complications diplomatiques entre Anglais, Français et Russes. Le 11e Dalaï Lama ferme à nouveau le Tibet aux étrangers.

En 1906, Londres signe avec la Chine, la Convention de Pékin par laquelle elle reconnaît la suzeraineté chinoise sur le Tibet mais obtient en retour le contrôle économique de ce dernier. En 1907, un traité de non-agression lui garantit la sécurité des frontières himalayennes. La pax britannica règne sur l'ensemble de l'Himalaya.

La dynastie mandchoue veut rétablir son prestige en annexant le Tibet gouverné par le 13e Dalaï Lama revenue de Mongolie. En 1920, les troupes chinoises interviennent brutalement au Tibet oriental. Les Tibétains se révoltent. Le Dalaï Lama s'enfuit en Inde pour se mettre sous la protection anglaise. Un république remplace la dynastie mandchoue et confirme ses prétentions sur le Tibet.

La diplomatie anglaise amène les adversaires à la table de négociation de Shimla en 1913-1914. Cette convention reconnaît l'autonomie presque totale du Tibet mais n'est pas ratifiée par la Chine qui ne reconnaît pas le tracé de la ligne MacMahon, une frontière épousant la ligne de crête de la grande chaîne allant du Ladakh à l'Assam. Les Anglais essaient de fermer le Tibet à toute autre influence que la leur. Les Britanniques eurent une grande influence sur l'ensemble de la région himalayenne pendant la première moitié du XXe siècle.

Les conflits régionaux

À la suite de la longue marche vers la liberté dirigée par Mahatma Ghandi, les Britanniques se retirèrent de l'Inde en 1947. Les hindous et les musulmans n'arrivant pas à s'entendre, le pays fut partitionné et un état musulman fut créé, le Pakistan. Depuis, l'Inde et le Pakistan se sont livrés trois guerres à propos du Cachemire. La Chine a annexé le Tibet en 1959. L'Inde et la Chine se sont affrontées à la suite de l'annexion de l'Aksaï Chin par cette dernière (1962). Le Népal a fait face à une insurection maoïste qui a duré 10 ans (1996-2006) et a fait plus de 13 000 victimes.

En ce début de XXIe siècle, la Chine est accusée par la communauté internationale de non respect des droits de l'homme notamment à l'endroit des Tibétains et des Ouïgours. Le Dalaï Lama accuse la Chine de se livrer à un génocide culturel au Tibet. Le Pakistan est accusé par l'Inde d'encourager les activités terroristes des sécessionnistes cachemiris au Jammu-et-Cachemire indien. Au Népal, le roi, qui s'était arrogé les pleins pouvoirs en 2005, a été forcé par les partis politiques, appuyés massivement par la rue, de rappeler le Parlement. Un gouvernement de coalition a conclut une paix fragile avec les maoïstes en 2006. Le pays a élu une Assemblée constituante en 2008, laquelle, dès sa première session, a aboli la monarchie. Elle a pour mission de rédiger une nouvelle constitution faisant du Népal une république démocratique fédérale.

En 2008, alors que l'Inde et le Pakistan tentent un rapprochement, des manifestations et des actes terroristes secouent à nouveau le Cachemire indien. Le Pakistan, allié des puissances occidentales dans la guerre au terrorisme, éprouve de plus en plus de mal à se positionner de manière transparente sur l'échiquier géopolitique de la région. Alors que la mouvance islamiste ne cesse de mener des actions terroristes sur son territoire, les zones tribales du nord-ouest servent de base aux Talibans et aux djihadistes impliqués dans la guerre en Afghanistan. L'Himalaya extrême occidental et l'Hindu Kush semblent au coeur d'une tourmente inquiétante.

 

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