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Himalaya du Népal

   

 

   
 
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Le Tibet - Tantôt plaine désertique inhabitée ou zone montagneuse de hauts pâturages parcourus par des nomades, tantôt région de vallées ondulées propices à la culture et à l'élevage ou villes grouillantes de commerçants, pèlerins, moines et fonctionnaires de l'administration, telles sont quelques unes des facettes du Tibet. Annexé en 1959, le pays des neiges a été redessiné par la Chine en 1965 qui, en l'amputant des provinces du Kham et de l'Amdo, l'a réduit à la Région autonome du Tibet, le Xizang. Malgré ce découpage, le Tibet ethnique est toujours reconnaissable mais sa culture est gravement menacée par la présence chinoise.

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Tibet ethnique

Considérons d'abord le Tibet ethnique, historique disent certains, c'est-à-dire celui qui correspond aux frontières d'avant l'annexion chinoise, et qui est considéré par les Tibétains comme leur territoire ancestral.

Au nord-ouest, le Changtang représente quelque 430 000 km² de hauts plateaux, de lacs et de chaînes montagneuses. Certaines zones y sont qualifiées de plus effroyables déserts du globe. Peu peuplée, cette région est le domaine des nomades.

Nomades sur le haut plateau tibétain

À l'ouest, le Ngari, une contrée plus clémente, recèle deux grands lieux sacrés : le mont Kailash et le lac Manasarovar. Les bouddhistes viennent y faire la kora, un grand pèlerinage s'étirant sur plusieurs jours.

Au nord-est, l'Amdo du Tibet historique regroupe des régions plus verdoyantes où alternent sommets, zones marécageuses et hauts plateaux. Habité par les redoutables Ngologs, qui pratiquaient jadis le brigandage en pillant les caravanes et rançonnant les pèlerins et marchands pénétrant sur leur territoire, l'Amdo a toujours été un noyau de résistance à tout pouvoir central. Tout comme le Kham.

Au sud-est, le Kham du Tibet historique bénéficie de la mousson : chaînes de montagnes, forêts, plateaux herbeux, hautes vallées et grands fleuves s'y succèdent. Le Kham, parcouru par des tribus nomades, comporte aussi des zones de cultures parsemées de fermes-forteresses. C'est le pays des fiers cavaliers khampas, des « brigands-gentilhommes », comme les désignait Alexandra David-Néel, qui se sont souvent opposés dans le passé au pouvoir de Lhassa et qui ont farouchement résisté aux envahisseurs chinois par des actions de guérilla.

Au sud enfin, traversé par le Yarlung Tsampo (Brahmapoutre), le Ü et le Tsang regroupés constituent la région-mère du Tibet, ou Tibet central. Cette région jouit de conditions climatiques plus favorables et l'agriculture y est relativement prospère. C'est dans cette région qu'émergèrent les villes de Shygatse, de Gyantse et de Lhassa, devenue capitale après la construction, au XVIIe siècle, du Potala, palais-forteresse et cité monastique abritant le centre administratif et religieux du pays.

Hauts pâturages au Tibet oriental Photo

Région autonome du Tibet

Pour mieux asseoir son autorité sur la région après l'annexion et rendre tout retour en arrière difficilement envisageable, le régime chinois a amputé le Tibet de l'Amdo et d'une large partie du Kham, pour les intégrer aux provinces chinoises adjacentes : Qinghaï, Sichuan, Gansu et Yunnan. Ce nouveau Tibet a été désigné Xizang ou Région autonome du Tibet. Du coup, la population du Tibet (RAT) est passée de 6 millions à 2 millions d'habitants.

Les Chinois ont, d'autre part, mis en place une politique de transfert de population composée de Han, l'ethnie majoritaire en Chine, ayant pour effet de « coloniser » le Tibet, surtout le Tibet central, et à terme, de rendre les Tibétains minoritaires sur leur territoire ancestral.

Influence chinoise

La colonisation chinoise s'est surtout cantonnée jusqu'à récemment dans les plus grandes villes. À part quelques enclaves restées tibétaines autour des grands monastères, Lhassa est désormais une ville chinoise. Les Hans y sont majoritaires. Autour des centres urbains vit une population tibétaine agricole pratiquant l'élevage de yacks, de moutons et de chèvres ainsi que la culture de l'orge, du blé et de diverses variétés de légumes.

Le Potala

Palais-forterresse et ancienne résidence du Dalaï Lama, le Potala a été transformé en musée depuis l'exil du 14e Dalaï Lama à Dharamsala en Inde.

Jadis militaires, commerçants et artisans, les Chinois commencent néanmoins à s'établir dans les basses vallées pour y cultiver la terre. À la différence des Tibétains de souche, leurs cultures portent le sceau du modernisme : outillages mécanisés, cultures de légumes sous serres.

Les hautes vallées reculées, particulièrement dans les anciennes provinces du Kham et de l'Amdo, sont par ailleurs restées tibétaines. C'est là, écrit Élise Blanchard (2002), où « semble s'être maintenue au mieux la société tibétaine : la fidélité à la langue, la persistance du mode de vie traditionnel, le maintien des pratiques religieuses et des traditions artistiques ». Les Chinois y ont stationné des troupes pour surveiller la population et contrôler la croissance des monastères, qu'ils considèrent, à raison sans doute, comme des foyers de résistance.

Si l'Amdo et le Kham ne figurent plus sur les cartes chinoises, le caractère artificiel de ce découpage est en effet apparu on ne peut plus manifeste lors des émeutes de Lhassa en 2008, alors que ces régions tibétaines, intégrées de force aux provinces chinoises, se sont embrasées à la vitesse de l'éclair. Les manifestations y ont été nombreuses et la répression a été violente. Preuve, s'il en est une, que plusieurs décennies d'oppression du régime chinois ne sont pas parvenues à détruire l'âme tibétaine.

Modes de vie

La société tibétaine s'articule autour de deux modes de vie complémentaires, celui des rongpas et celui des drokpas, ou ceux des vallées et ceux des hauts plateaux. Les premiers, sédentaires, sont cultivateurs. Les seconds, nomades ou semi-nomades, vivent de l'élevage du yack, du mouton et de la chèvre, sur les hauts plateaux du Changtang notamment. Ils échangent beurre, fromage et laine contre de l'orge et quelques variétés de légumes cultivés par les agriculteurs sédentaires.

Le bouddhisme tantrique constitue le troisième axe sur lequel repose l'organisation sociale du Tibet. Les gompas (monastères) y sont omniprésents et leur rayonnement est indubitable. La vie civile et la vie religieuse y sont intimement liées. Les moines, soutenus par la population, veillent au bien-être des familles en accomplissant des rites ayant pour but de protéger les récoltes et les troupeaux. Ils instruisent les enfants dont bon nombre viendront joindre les rangs des communautés monastiques. Ils organisent les grandes fêtes religieuses auxquelles participent les familles, autant d'occasions pour célébrer les mystères et les saints bouddhistes, raffermir la foi et cimenter le tissu des relations sociales.

Efforts de modernisation

L'annexion du Tibet par la Chine a donné lieu aux pires atrocités. Toutefois, elle n'a pas eu que des effets négatifs. Des écoles ont été construites de même que des hôpitaux. À l'exception des monastères, qui dispensaient un enseignement essentiellement religieux, il n'y avait à toutes fins pratiques pas d'écoles au Tibet. Il n'y avait pas non plus d'hôpitaux véritables. On y pratiquait la médecine traditionnelle. Des infrastructures urbaines ont été mises en place pour améliorer les conditions de vie et favoriser le développement.

Quant aux questions environnementales, la Chine semble avoir compris l'importance de s'attaquer au problème de la déforestation qu'elle a elle-même provoqué. Des programmes de reboisement ont été mis en oeuvre et des réserves naturelles ont été créées, notamment au Changtang.

Malgré les affirmations du Service d'information du Gouvernement du Tibet en exil, niant que des progrès significatifs aient été réalisés au Tibet sous l'autorité des Chinois, Lewis M. Simons (2002), a pu y constater récemment la naissance d'une classe moyenne. L'influence de la modernité atteindrait même certaines régions éloignées. Considérant qu'avant l'arrivée des Chinois, le Tibet était une société quasi-féodale dirigé par les religieux, certains gains sont donc indéniables. Mais les Tibétains semblent d'avis que l'assimilation qui les menace représente un prix trop élevé à payer en contrepartie.

Sinisation du Tibet

La détermination et le courage légendaires des Tibétains continuent, malgré l'adversité, à s'exprimer par la voix de leur chef spirituel en exil, le Dalaï Lama, qui se dit prêt à négocier une autonomie pour son pays associée à une reconnaissance de l'autorité de la Chine en matière d'affaires extérieures et militaires. Cette proposition ne fait cependant pas l'unanimité au sein des élites tibétaines. La jeunesse tibétaine, faisant le constat que la « voie médiane » préconisée par le Dalaï Lama n'a pas à ce jour donné les résultats escomptés, milite de plus en plus pour l'indépendance du Tibet. Pendant ce temps, la Chine poursuit sa politique de colonisation... et les enfants tibétains au Tibet central parlent de plus en plus la langue chinoise... !

VIDÉOCLIPS :

Images du Tibet   Jouer le vidéoclip 
Diaporama illustrant différentes facettes du Tibet
actuel.

Tibet the Story of a Tragedy   Jouer le vidéoclip
Documentaire produit par France 3 illustrant les anciennes coutumes tibétaines et relatant l'annexion du Tibet par la Chine à l'aide de bandes d'actualités filmées, (55:43).

 

 

 


L'influence du Tibet

Le Tibet a exercé une influence énorme dans la région himalayenne. Tandis que sa culture a essaimé partout dans le haut Himalaya et est encore bien vivante au Népal, au Bhoutan, de même qu'au Sikkim, au Ladakh, au Zanskar et dans d'autres régions du nord de l'Inde (Spiti, Lahaul et Kinnaur), aujourd'hui, paradoxalement, la mère-patrie est menacée de sinisation.

Le Tibet est-il chinois ?

Le Tibet a connu, au cours de son histoire, de longues périodes de divisions internes. Les puissantes sectes religieuses ont souvent rivalisé entre elles pour accroître leur pouvoir. La théocratie tibétaine aurait même demandé l'aide de l'Empire chinois pour consolider son pouvoir. Au début du XVIe siècle, sous l'Empire Mandchou, le Tibet aurait même constitué un protectorat chinois. La révolution chinoise de 1911 a compromis l'autorité des Mandchous à Lhassa. Le XIIIe Dalaï-Lama s'empressa de réaffirmer l’indépendance du Tibet et chassa les Chinois hors des frontières.

Les autorités chinoises prétendent que le Tibet fait partie intégrante de la Chine depuis le XIIIe siècle sous la dynastie mongole des Yuan. Cette prétention n'aurait aucun fondement historique. En effet, des tibétologues imminents reconnus mondialement affirment, dans « Le Tibet est-il chinois ? » (2002), que la Chronique des Yuan, un document historique officiel, ne fait nullement figurer le Tibet parmi les possessions chinoises.

Plus récemment, l’éminent historien Ge Jiangxiong, Directeur de l’Institut de géographie historique et du Centre de recherches pour les études d’histoire et de géographie de l’Université Fudan de Shanghaï, affirmait dans un article paru dans le China Review Magazine que prétendre que le Tibet a toujours fait partie de la Chine est un mensonge historique. Sous la dynastie Tang, du VIIe au Xe siècle, le plateau Qinghai-Tibet était gouverné de façon indépendante par des monarques Tubo/Tufan, rappelle Ge Jiangxiong.

Ce n’est que sous la dynastie mandchoue des Qing, au cours du XVIIème siècle, que s’exprima véritablement la prétention impériale à la souveraineté sur le plateau tibétain. Toutefois, en 1912, lors de la création de la République de Chine, l'entité géographique « Chine » (Zonghhuo) n’était pas précisément définie sur le plan territorial et se référait tantôt à l’empire Qing, tantôt aux « dix-huit provinces intérieures », excluant la Mandchourie, la Mongolie, le Turkestan occidental (Xinjiang) et le Tibet.

La « libération » du Tibet !

En 1950, l’Armée populaire de libération marche sur le Tibet oriental. À Lhassa, il faut faire vite. Le XIVe Dalaï-Lama est intronisé à 16 ans. La Chine justifie ainsi son intervention : le Tibet est un pays féodal où règne le servage ; les moyens de production appartiennent à une petite noblesse et aux sectes religieuses, d’où la nécessité de libérer ce peuple asservi. Il est urgent que le Tibet réintègre la mère-patrie. Mal préparés, les Tibétains ne peuvent lutter efficacement contre cette invasion. L’armée chinoise entre à Lhassa sans difficulté en 1951.

Les réfugiés tibétains

En 1959, craignant le pire, les conseillers du Dalaï-Lama lui demande de fuir le pays. Déguisé en soldat, il prend le chemin de l'exil. Environ 100 000 Tibétains imiteront son geste au cours des années suivantes. L'Inde propose au Dalaï Lama de s'installer à Dharamsala. Un Gouvernement du Tibet en exil y est mis en place. Il se donne pour mission de sauvegarder les traditions religieuses et culturelles tibétaines et de défendre la cause du Tibet sur les tribunes internationales. En mettant sur pied des écoles, un Centre d'archives, un Institut de médecine traditionnelle et d'astrologie, un Centre d'arts tibétains, Dharamsala est devenu le centre pour le maintien de l'identité culturelle tibétaine. Aujourd'hui, on estime à 130 000 les réfugiés tibétains en exil dont 100 000 en Inde. Le Népal, le Bhoutan, la Suisse, les États-Unis, le Canada et la France ont aussi accueilli de nombreux réfugiés tibétains.

Le transfert de population

Réalisant que la cause tibétaine jouissait d'un support de plus en plus important sur la scène internationale, les chinois préconisèrent de mettre de l’avant une politique de transfert de population chinoise au Tibet afin de modifier radicalement le rapport de forces. A quoi servira une opinion internationale favorable au Tibet si celui-ci se retrouve irrémédiablement transformé sans retour possible en arrière ? Et à moyen terme, la nouvelle génération de Tibétains, moins influencée par la religion, ne va-t-elle pas reconnaître les bienfaits de l’intégration du Tibet au territoire national ? Le temps jouera en faveur de la Chine d’autant plus que l’axe États Unis, Europe, Japon ne semble pas désireux de recourir aux sanctions pour infléchir la politique chinoise. Telle fut la stratégie chinoise pour contrer l'action du Gouvernement du Tibet en exil. Ce plan a bien fonctionné. Malgré l'histoire, la communauté internationale ne conteste plus l'appartenance du Tibet à la Chine, devant la montée en puissance de cette dernière. L'Occident appuie toutefois les revendications du Dalaï-Lama pour une plus grande souveraineté culturelle du Tibet historique à l'intérieur de la Chine.

La question du Tibet

La situation du Tibet soulève des questions majeures : liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes, menace de disparition d'une culture unique, occupation d'un pays sous prétexte de sa libération, respect des droits de l'homme.

La révolution culturelle chinoise, qui a balayé toute la Chine, a eu au Tibet des conséquences terribles en s'attaquant notamment aux élites du pays. Des milliers de Tibétains, parmi lesquels de nombreux moines bouddhistes, ont été torturés, emprisonnés et exécutés. De nombreux monastères ont été détruits. Après la mort de Mao Zedong, la Chine a quelque peu assoupli sa politique vis-à-vis le Tibet, en poursuivant toutefois ses efforts de colonisation.

Malgré les efforts du Gouvernement du Tibet en exil et des nombreux intervenants sur la scène internationale appelant la Chine à négocier un statut particulier pour le Tibet, les Chinois demeurent inflexibles sur la question du Tibet.

Infos complémentaires
L'avenir du Tibet

Carte géographique
Carte Tibet actuel et historique

Sites externes
Tibet Info
 Tibetan Government in Exile
Free Tibet
 
Tibetan Studies Virtual Library

Site officiel du Dalaï Lama
Administration centrale tibétaine

Lectures :
 Laurent Deshayes :
 
Histoire du Tibet, Fayard, 1997.
Pierre-Antoine Donnet : 
Tibet mort ou vif
, Gallimard, 1990.

Françoise Pommaret  :
Le Tibet - Une civilisation blessée, Gallimard, 2002.

Anne-Marie Blondeau, Katia Buffetrille :
Le Tibet est-il chinois ?
, Albin Michel.

Crédits photo
© Alain Chenevière (en haut)
© Richard L'Anson (en bas)

 

 

 
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