Croyances religieuses
Au Népal, l'hindouisme, souvent qualifié d'himalayen, a beaucoup emprunté au bouddhisme tantrique. De même, le bouddhisme tantrique a puisé dans les tantras hindous, plusieurs des éléments de sa doctrine. Ces deux religions, dans leur forme himalayenne, ont de plus incorporé de nombreuses croyances animistes et des pratiques chamanistes de l'ancienne religion bön pratiquée au Tibet avant l'introduction du bouddhisme.
Interpénétration des croyances
Ce vieux fond religieux bön se manifeste notamment lors des nombreuses fêtes du calendrier népalais, alors que les populations font appel à des rites complexes pour exhorter leurs dieux à intervenir afin que les récoltes soient bonnes. Il se manifeste aussi dans les croyances animistes de certaines populations bouddhistes du haut Himalaya qui attribuent une âme et un pouvoir aux éléments naturels et vénèrent les dieux et les esprits habitant les cours deau, les montagnes, les cols. Craignant les mauvais esprits, ils font appel à des chamans pour conjurer le mal et guérir les malades.
La religion telle que pratiquée par les Newar constitue un excellent exemple de l'interpénétration des croyances et de la mixité des pratiques religieuses. La cohabitation de l’hindouisme et du bouddhisme dans la vallée de Katmandou pendant deux millénaires, a entraîné des emprunts réciproques importants. Aussi, il n'est guère surprenant que l'hindouisme des Newar soit fortement teinté par les croyances et les cultes bouddhistes de leur religion originelle tout autant que le bouddhisme de ceux qui le sont restés fasse intervenir des déités hindoues dans leur pratique. Demandez à un Newar s'il est hindouiste ou bouddhiste, il vous répondra « oui », dit le dicton.
Aussi, on comprend mieux que plusieurs fêtes religieuses au Népal soient célébrées tant par la communauté hindouiste que bouddhiste. Cette interpénétration des croyances peut sans doute expliquer la grande tolérance religieuse des Népalais de même que la relative facilité de l'hindouisation de plusieurs ethnies tibéto-népalaises bouddhistes vivant dans les Moyennes montagnes népalaises.
Shiva, Vishnu, Brahma et les autres
Dans la trinité des dieux hindous, à laquelle participent Brahma et Vishnu, Shiva est celui que l'on vénère le plus au Népal. Il est souvent représenté par un lingua, une pierre allongée symbolisant le phallus, considéré comme la source de l'énergie créatrice. Les temples qui lui sont dédiés sont reconnaissables à la statue du taureau Nandi, son véhicule, qui veille à l'entrée.
Souvent représenté avec son épouse, la déesse Parvati, le couple divin a pour fils Ganesh, le dieu à tête d'éléphant. Shiva porte plusieurs noms dont chacun correspond à l'une de ses manifestation : notamment Pashupati, le protecteur pacifique ; Bhairab, le terrifiant destructeur du mal.
Vishnu est le protecteur du monde. Selon la croyance, il a visité la terre dix fois, empruntant chaque fois une forme tantôt animale, tantôt humaine. Sa manifestation la plus populaire au Népal est Narayan qui a pour véhicule Garuda, l'homme-oiseau. Ses autres manifestations sont : Krishna le berger paisible personnifiant la masculinité ; Rama le grand héros du Ramayana ; Narshing l'homme-lion ; Kurma la tortue et bien d'autres.Le panthéon hindou est aussi peuplé de déesses et des multiples formes qu'elles empruntent : Parvati, Durga, Siddhi Lakshmi, Taleju, Saraswati et Kali sont parmi les plus vénérées. Ces grandes divinités sont associées à des bienfaits particuliers. Taleju, protectrice de la vallée de Katmandou, et Hanuman, le dieu-singe, étaient les divinités tutélaires de la famille royale népalaise. Saraswati, épouse de Brahma, est la déesse de la connaissance et des arts. Bhairab est celui qui fait fuir les démons. Ganesh favorise la prospérité et la bonne fortune. Au Népal, il y a toujours une divinité que l'on peut invoquer quoiqu'il advienne... y compris la variole ou un mal de dent.
Les dieux sont partout
Au Népal, la religion ne se résume pas à quelques célébrations épisodiques. Elle est pratique quotidienne. Les dieux sont omniprésents. Leurs effigies sont visibles partout. Les temples hindouistes et bouddhistes abondent, notamment dans la vallée de Katmandou. Des petits autels votifs dédiés aux innombrables divinités bordent les rues et les places publiques. Des petits sanctuaires où nichent les statues des divinités sont venus s'ajouter, sans aucun souci d'agencement, sur la devanture des boutiques ou à même la façade des bâtiments. À toute heure du jour, les Népalais s'y arrêtent pour honorer leurs dieux.
Les paysages du haut Himalaya népalais portent également les empreintes de la foi. Les gompas accrochés à flanc de montagne, les chortens protégeant les villages et les sommets des cols, les murs de pierres mani gravées de mantra le long des sentiers, les drapeaux à prières accrochés aux temples et aux maisons témoignent de la ferveur religieuse des populations bouddhistes.
Chorten au col Muong La | Khumbu
Fêtes religieuses et sacrifices rituels
Les fêtes ont pour la plupart un caractère religieux et constituent des occasions de grandes réjouissances auxquelles participent toute la population.
Dasain, la plus grande fête au Népal, s'étire sur 10 jours et célèbre la victoire de la déesse Durga sur le démon-buffle. À cette occasion, les hindous pratiquent le sacrifice rituel en tuant un bouc, un poulet, ou un autre animal mâle pour sattirer la bienveillance de la déesse Durga assoiffée de sang. On estime à 10 000 le nombre d'animaux sacrifiés durant cette fête.
L'Indra Jatra, qui dure une semaine, en septembre à Katmandou, est l'occasion de faire revivre un vieux mythe célébrant la fin de la mousson. Comme le veut la légende, le dieu de la pluie Indra, sous un déguisement humain, vint un jour cueillir des fleurs dans la vallée. Les paysans le traitant de voleur, Dagini, sa mère, vint plaider sa cause. Les paysans le libérèrent. Dagini fit alors le serment de provoquer la présence de brouillards durant les mois d'automne pour favoriser les cultures. Pour rappeler la légende, Indra se promène dans les rues de Katmandou à la recherche du démon Lakhe.
Le Losar est la célébration du Nouvel An chez les Sherpas et l'importante communauté d'émigrés tibétains. Trois jours durant, la fête bat son plein. À l'appel des moines soufflant dans les longues cornes installées sur le toit des gompa et des stupa, les membres de la communauté se rendent au monastère pour offrir leurs dons au moine abbé et obtenir sa bénédiction. De nouveaux drapeaux à prières sont hissés pour remplacer les vieilles étoffes usées par la pluie et le vent. En guise d'offrande du Nouvel An, on lance en l'air la tsampa sous les rires de la foule.
Vaches sacrées
Au Népal, les vaches sont sacrées. Elles sont considérées comme une source de bénédictions et sont vénérées par les hindous orthodoxes. On peut les voir déambuler partout dans les villes où elles règnent en maîtres des lieux. La vache, symbolisant la fécondité, est étroitement associée à Lakshmi, la déesse de la prospérité. Le troisième jour de la fête du Tihar, on lave les vaches et on les pare avec des guirlandes de fleurs pour leur rendre hommage.
Crédits photo
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© Ryohei Uchida (en bas)