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Les Tibéto-Népalais ne constituent pas une groupe homogène. Ceux que l'on désigne ainsi appartiennent en réalité à diverses ethnies qui ont toutefois en commun leur origine mongoloïde, leur culture tibétaine et qui parlent des langues ou dialectes du groupe tibéto-birman de la grande famille des langues sino-tibétaines. Bhotia
Les Bhotia sont bouddhistes. Leurs croyances sont toutefois empreintes de chamanisme. Ce sont de rudes montagnards vivant la plupart du temps au sein de petits villages isolés. Leurs sociétés sont constituées de clans exogames patrilinéaires : on se marie à une personne d'un clan différent et les enfants sont rattachés au clan du père qui exerce l'autorité sur eux. Ils sont cultivateurs dans les hautes vallées et éleveurs semi-nomades en plus haute altitude. L'hiver, ils descendent vers les centres de commerce pour y vendre animaux, fromage, laine, couvertures afin de se procurer du riz et d'autres céréales qui leur permettront de subvenir à leurs besoins jusqu'à la prochaine récolte. Le commerce caravanier avec le Tibet était autrefois très répandu chez les Bhotia du Dolpo et du Mustang. Le sel tibétain était échangé contre diverses denrées et marchandises. Il a diminué depuis l'annexion du Tibet par la Chine. Dans certaines regions reculées, la polyandrie fraternelle serait encore pratiquée : plusieurs frères partageant alors une même épouse. RÉgion du Mustang RÉgion du Dolpo RÉgion de Manang RÉgion des VallÉes de Nar
et Phu Tamang
Ils sont d'origine tibéto-birmane et bouddhistes mais leurs pratiques religieuses témoignent de nombreuses croyances animistes. La communauté tamang est divisée en clans patrilinéaires exogames. Toutefois, certains clans permettent le mariage avec des membres d'ethnies voisines telles celles des Gurung et des Magar. Les Tamang sont dans une large proportion agriculteurs et habitent sur des fermes assez isolées. Ils sont aussi menuisiers et artisans. Plusieurs porteurs rencontrés sur les treks sont tamang. Ceux qui sont venus s'installer à Katmandou travaillent dans la confection de tapis, sont conducteurs de rikshaws ou porteurs. D'autres peignent des thangkas. Ils érigent des temples dans leurs villages de même que des chortens. Ils font appel à des chamans pour conjurer la maladie ou le mauvais sort. Historiquement située au rang le plus bas parmi les populations des Moyennes montagnes, la communauté tamang a été largement exploitée au profit des gens de castes (Brahmanes et Chhetris). C'est une population pauvre. On les reconnait souvent à la bande de tissu qu'ils enroulent autour de teur taille. Les femmes portent souvent des bijoux suspendus à leur nez. Kirat : Rai et Limbu De
souche mongoloïde, les Kirat sont les descendants dune
dynastie qui aurait régné sur la vallée
de Katmandou dès le VIIe siècle avant J.C. Ce peuple
se subdivise en deux groupes distincts, les Rai et les Limbu,
qui partagent néanmoins beaucoup de traits culturels en
commun. Influencés par le bouddhisme tibétain et surtout l'hindouisme, ils pratiquent néanmoins leur religion traditionnelle empreinte de cultes animistes. Ils vouent un culte à leurs ancêtres et à des dieux locaux. Pratiquant autrefois le mariage par enlèvement, les mariages arrangés entre parents sont encore nombreux mais le libre choix des époux gagne en importance. Ils sont agriculteurs, pratiquent la culture en terrasse et peuvent aussi faire de lélevage. Ayant fait partie des fameux régiments gurkhas britanniques et indiens, ils perpétuent la tradition militaire en étant soldats. Ils habitent des maisons de pierres. Le dhami, personnage important de leur communauté, est un chaman à la fois devin, médium et guérisseur. Comme les Tamang, les Rai se situent au bas de l'échelle sociale. Ils bénéficient de programmes gouvernementaux visant à leur venir en aide. Les Limbu parlent un dialecte dérivé de la langue kiranti de souche tibéto-birmane. Leur organisation sociale est fondée sur le clan patrilinéaire regroupant plusieurs familles sous l'autorité d'un chef. Ils vouent également un culte aux ancêtres. Ils vivent au sein de petits villages dans des maisons de pierres entourées de cultures et pratiquent une agriculture autosuffisante. Ils font aussi l'élevage de la chèvre, du mouton et du poulet. Bien qu'influencée par le bouddhisme tibétain, leur religion comporte des croyances animistes et des cultes chamanistes. Ayant fait partie des fameux régiments gurkhas britanniques et indiens, ils perpétuent la tradition militaire. Magar
Ayant été nombreux dans les régiments gurkhas, leurs soldes constituent un facteur important dans léconomie de leur village. Lorsquils sont de religion hindouiste, ils suivent les coutumes brahmaniques et font appel aux prêtres brahmanes. Ils manifestent une grande faculté d'adaptation et ne semblent pas plus soucieux qu'il ne le faut de maintenir leur spécificité. Dans leur zone d'habitat, au nord, leur genre de vie s'apparente à celui des Bhotia. Au sud cependant, ils sont devenus hindouistes et on les différencie mal des Chhetri. Les Magar, sintègrant de plus en plus dans les villages dominés par dautres groupes ethniques, se répandent davantage sur le territoire népalais. Gurung
Les Gurung parlent une langue appartenant à la famille des langues tibéto-birmanes. Certains d'entres eux sont bouddhistes tandis que d'autres ont adopté l'hindouisme. Les bouddhistes ont conservé leurs pratiques chamanistes ancestrales : leurs prêtres sont des exorcistes-guérisseurs et devins. Ce groupe est divisé en deux sous-groupes, chacun constitué de plusieurs clans patrilinéaires. Ils distinguent cependant en leur sein des catégories de personnes intouchables (forgeron, tailleur, etc.). Ils sont agriculteurs et pasteurs. Certains pratiquent la transhumance saisonnière en conduisant leurs troupeaux dans les pâturages d'altitude durant l'été. Les Gurung ont une longue tradition militaire puisqu'ils ont fait partie des régiments gurkhas des armées britannique et indienne. Ils sont aujourd'hui nombreux dans l'armée et dans la police népalaises. Thakali De souche mongoloïde, sans doute originaires du Tibet et parlant une langue tibéto-birmane, les Thakali habitent la vallée de la Kali Gandaki. Ils sont environ 13 000 au Népal. Beaucoup ont émigré là où il y avait des possibilités de faire du commerce. La vallée de la Kali Gandaki ayant été de tout temps une importante piste caravanière entre l'inde et le Tibet, notamment pour le commerce du sel provenant du Tibet, ils sont traditionnellement des marchands et des entrepreneurs. Ils se sont convertis en aubergistes pour accueillir les touristes sur les itinéraires de trekking partant de Pokhara, notamment le trek de Jomsom et le fameux circuit de l'Annapurna, le trek le plus populaire du Népal. Ils sont aussi agriculteurs et cultivent l'orge et la pomme de terre. Étant entrepreneurs, ils savent s'adapter aux situations nouvelles. De foi bouddhiste, ils ont adopté l'hindouisme par pragmatisme.
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