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Récit de voyage

Lukla... ce soir c'est la fête

Lever à 6h00 pour notre dernière journée de marche. Il fait beau soleil. Aussitôt partis, aussitôt en descente dans cette longue pente qui nous a tant fait suer lors de notre arrivée dans le Khumbu. Je m'appuie plus fort sur mes bâtons de marche afin de diminuer la pression sur l'articulation amochée. Elle sera mise à rude épreuve aujourd'hui : une descente de 1 000 mètres suivie d'une remontée de près de 350 mètres. Il n'y aura pas de halte à Phakding pour la nuit. C'est le prix qu'il faut payer pour avoir lambiné à Namche Bazar lors de la montée ! Ce n'est pas cher payé si l'on considère que cette longue halte a permis à tous de s'acclimater à son rythme et suffisamment bien pour poursuivre la montée et compléter le trek.

Petits Sherpas

Tout au long du parcours, les murs mani, les drapeaux, mâts et moulins à prières que l'on contourne toujours par la gauche rappellent sans cesse que nous sommes toujours en pays bouddhiste.

Nous nous retrouvons devant un lodge pour le déjeuner. Les coéquipiers ont envahi le lodge et ont commandé des boissons chaudes et des jus de fruits. Absorbés par de jeunes enfants sherpa s'amusant avec des broutilles dans un enclos à yacks adjacent au lodge, Daniel et moi décidons de prendre le lunch à l'extérieur. Un vieux banc de bois défraîchi posé le long du sentier fera l'affaire. Timides mais curieux, les petits s'approchent tour à tour mais ne demandent rien. Daniel leur offre des morceaux de son sandwich tandis que je leur montre mon sac d'aliments énergétiques. Morve au nez, regard soucieux, ils ouvrent leurs petites mains sales que je remplis de fruits séchés, d'arachides et de noix. Évidemment, ils en raffolent. Les enfants sherpa sont élevés avec affection et permissivité mais sont peu gâtés matériellement. Leur enfance ne dure pas très longtemps puisqu'ils doivent très tôt contribuer aux tâches ménagères notamment en s'acquittant des corvées d'eau et de bois de chauffage.

Hourra !

La colonne se remet en route mais se disperse rapidement. Certains sont pressés d'arriver, d'autres préfèrent prendre leur temps. Les ponts suspendus et les villages se succèdent. Ici et là, des arbres portent encore des fleurs en cette belle fin de novembre. Un gros kani, sorte d'arche sous lequel passe le sentier, marque l'arrivée à Lukla. Selon les croyances locales, le kani a pour fonction de débarasser les passants des esprits mauvais qui pourraient les accompagner avant d'entrer dans le village.

Bien installés sur la terrasse d'un lodge, j'aperçois quelques membres de l'équipe mangeant des croustilles et sirotant de la bière. Je m'empresse de me joindre à eux. Les autres ne tardent pas à arriver. Les hourra accueillent chacun des coéquipiers et coéquipières. Nous étirons le temps. Les anecdotes rappelant les plus beaux moments du trek de même que les plus difficiles, les faits cocasses tout au long du périple, les manies des uns et des autres meublent la conversation et soulèvent les rires. Le trek est bel et bien sur le point de se terminer. Reste la fête qui viendra clôturer cette aventure tout à fait à la hauteur de nos aspirations. Le concensus est sans équivoque.

Lukla

L'équipe sherpa

Dernier bivouac

Le brouillard est de plus en plus dense et le froid est là à nouveau. Nous partons pour notre dernier bivouac installé dans la cour d’un lodge près de la piste d'atterrissage. Dès que les porteurs arrivent, nous déballons nos affaires et partons au pas de course nous réfugier dans le lodge pour nous réchauffer. Le poêle répand sa chaleur dans la pièce tandis que nous bavardons haut et fort en attendant le dîner.

Poulet frit, frites et légumes variés composent notre dernier repas en compagnie de tous les Sherpas cette fois. Babu sert du rhum pour accompagner le dessert. Jangbu fait son entrée avec un gros gâteau aux fruits. Il a droit à un standing ovation, notre dernière occasion de remercier ce travailleur infatiguable. Non seulement veillait-il à l'approvisionnement de la troupe mais chaque matin, Jangbu allumait le feu alors qu’il faisait encore nuit. Jour après jour, il cuisinait les repas avec des moyens de fortune et venait lui-même servir les assiettes avec ses aides de camp. C’était encore lui, avec son équipe, qui bouclait l’étape chaque soir après s’être assuré que nos bouteilles d’eau bouillie étaient bien remplies et que nous ne manquions de rien.

Je dois avouer que j'ai eu de la difficulté à m'adapter à la cuisine de campagne népalaise. Je reconnais néanmoins que Jangbu est un faiseur de miracles. Réussir à faire autant avec si peu de moyens représentait un défi quotidien qu'il a su relever avec brio. J'ai grandement apprécié ce chef d'intendance hors pair et surtout, ce Sherpa au sourire contagieux.

La fête

Après le dîner, Babu est là avec toute l’équipe d’intendance. On nous sert du chang, bière artisanale locale fabriquée généralement avec du riz ou de l’orge, et du rakshi, alcool fabriqué à partir des mêmes ingrédients. Les porteurs se joignent timidement à nous. Il nous faut insister pour qu’ils viennent enfin prendre place à nos côtés sur les banquettes disposées en rectangle autour de la pièce. Le liquide coule à flot. Les sourires figés se transforment en rires de plus en plus sonores. Je parviens à échanger quelques mots avec quelques porteurs. Babu distribue les pourboires à l’équipe népalaise selon l’ordre d’importance des fonctions assumées par chacun. Applaudi à tour de rôle, chacun vient au centre de la pièce surchauffée pour saluer les convives en joignant les mains devant le visage et en s’inclinant respectueusement.

Le moment de se dire adieu est déjà là. Sur fond de musique népalaise au rythme endiablé, dans cette auberge de Lukla réunissant sirdar, guides, porteurs, cuisiniers et trekkeurs, nous tapons des mains et dansons en nous déhanchant autour d’un poêle alimenté à la bouse de yacks. Nous nous ressemblons tous. Derrière mon sourire, ma gorge s’étrangle.

 

Les petits Sherpas

Air timide, regard soucieux, les petits Sherpas se laissent facilement « apprivoiser » lorsque l'on prend le temps d'aller à leur rencontre. Les petite gâteries fonctionnent toujours mais plusieurs affirment que ce comportement n'est pas souhaitable. Cela pourrait contribuer à les habituer à demander sinon à mendier. Pour ma part, je ne crois pas qu'il faut en faire un plat. Et puis... comment résister !

Près de Namche Bazar

Près de Namche Bazar

Près de Namche Bazar

Népal

L'équipe népalaise

Parmi la trentaine de Népalais qui nous ont accompagnés, les Sherpas étaient au nombre d'une quinzaine. Outre Babu, le sirdar responsable de l'équipe népalaise, la plupart exerçaient les tâches de guides, cuisiniers et aides-cuisiniers. Peu d'entre d'eux agissaient comme porteurs.

Les porteuses

Il ne faut surtout pas oublier les porteuses appartenant à diverses ethnies habitant les Moyennes Montagnes. Ces jeunes filles qui, pour la plupart vivent pauvrement dans ces villages hors des circuits de trekking, tirent fort bien leur épingle du jeu pour des gages qui ne se comparent en rien à ceux des porteurs masculins. Ainsi va la vie au Népal qui n'est pas une société égalitaire.

Dole

Porteuses appartenant à diverses
ethnies des Moyennes Montagnes

Vol de retour sur Katmandou

Par mesure de prudence, il est conseillé de confirmer son vol de retour auprès du bureau de la compagnie aérienne à Lukla avant 16h00 la veille du retour.

Etape Namche Bazar-Lukla
Durée : environ 8 heures
Dénivelés : + 250 m / - 850 mètres
Gîte et repas : tous les villages