Les modes de vie au Népal
La population du Népal est majoritairement rurale (80%). Les Népalais vivent au sein de petits villages disséminés dans la plaine du Terai et la zone des Moyennes montagnes appelées aussi collines du Népal. Les zones himalayennes et transhimalayennes sont peu peuplées. Ces grandes zones écologiques déterminent le mode de subsistance des populations qui y sont installées : culture intensive de céréales au sud; culture étagée et petit élevage dans la partie médiane du pays; agriculture de subsistance et élevage au nord dans les hautes montagnes. Partout, le commerce est pratiqué à haute échelle. Il assure la complémentarité des modes de vie en permettant les échanges des produits de l'agriculture contre ceux de l'élevage.
Culture intensive
Le Terai, bien arrosé par les pluies de mousson, se caractérise par des conditions climatiques tropicales. Cette zone est la plus densément peuplée du Népal. Les forêts ont été graduellement remplacées par des champs afin que l'on puisse y pratiquer la culture intensive de céréales, principalement le riz. On appelle cette zone, le grenier du Népal.
Culture étagée
Bénéficiant d'un climat tempéré chaud, les Moyennes montagnes offrent aussi un habitat relativement favorable à l'établissement humain. Habitées tant par des populations hindouistes que des populations bouddhistes d'origine tibétaine, elles ont été, en maints endroits, étagées en de multiples terrasses par les paysans, qui ont trouvé ainsi, une façon de s'adapter à leur environnement. Gens de castes, Newars, Tamangs, Rais, Limbus, Magars et Gurungs y tirent leur subsistance en cultivant avec acharnement, le riz, l'orge, le blé, une grande variété de légumes et les arbres fruitiers. Sous 3 000 mètres, ces agriculteurs pratiquent aussi l'élevage du mouton et de la chèvre afin d'arrondir les revenus qu'ils tirent de leurs cultures.
Cultures étagées à Nagarkot | Vallée de Katmandou
Les champs en terrasses de Nagarkot, érigés dans une parfaite irrégularité et remodelés sans relâche par les paysans à cause des pluies de mousson qui les défont, témoignent éloquemment du labeur des hommes pour arriver à vivre dans ces montagnes
Agro-pastoralisme
Au nord, les villages et hameaux habités par des populations bouddhistes de culture tibétaine (Bhotias, Sherpas) sont blottis au fond des hautes vallées ou accrochés aux pentes de l'Himalaya et du Transhimalaya jusqu'à la limite de l'habitat permanent à environ 4 800 mètres. Les cultures sont limitées et la vie y est extrêmement rude. Le mode de vie devient agro-pastoral en combinant une agriculture de subsistance au nomadisme saisonnier.
Village de Chaurikharka | Khumbu
L'élevage du yack devient le principal mode de subsistance. L'été, les pasteurs conduisent leurs troupeaux vers les hauts pâturages (kharka) situés bien au-dessus des villages. Ils s'installent dans des cabanes rudimentaires (yersa) jusqu'aux premiers froids. Leur séjour est ponctué d'aller-retour épisodiques aux villages pour renouveller les provisions. Durant cette période, dans les villages, les habitants pratiquent là où c'est possible, une agriculture de subsistance en cultivant l'orge, le sarrasin et la pomme de terre dans le fond des vallées. La pomme de terre parvient même à pousser jusqu'à 4 600 mètres.
Urbanisation
La population de la vallée de Katmandou est estimée à 2 millions d'habitants. Katmandou est le seul véritable grand centre urbain du pays. Patan et Bhaktapur, situés aussi dans la vallée tout près de Katmandou, constituent les deuxième et troisième ville en importance du pays. Moins populeuses, les villes de Biratnagar, Nepalganj et Birganj, situées dans le Terai près de la frontière indienne, sont toutefois en forte croissance.
Malgré l'urbanisation, certaines villes telles Bhaktapur et Thimi entre autres, ressemblent à des grands villages. Entourées de champs cultivés, leurs rues et places publiques sont envahies par d'innombrables tas de riz durant la saison des récoltes. Avec des pelles, des râteaux et des tamis, les femmes occupent les places publiques et s'affairent à nettoyer le riz des heures durant. Pour peu, on s'y croirait au Moyen-Âge.
Mode de vie et habitation
En dehors des villes, les habitations népalaises se différencient selon les modes de vie et les zones d'habitat. Dans le Teraï, les maisons en terre et les huttes à armature de bambou avec toit en chaume sont souvent construites sur pilotis. Dans le Pahar et les collines, les maisons en briques avec toits en pente recouverts de chaume ou de tuiles prédominent. Dans le haut Himalaya, la maison de pierres avec toit en pente et porte basse devient plus massive et plus rustique. Dans le Transhimalaya, en pays bhotia, les maisons de pierres en forme de cubes s'entassent les une à côté des autres. Leurs toits plats servent de terrasses.
Persistance des modes de vie
Les ethnologues et les aventuriers voyageant hors sentiers battus nous disent que dans les hautes vallées népalaises, en dehors des grands circuits touristiques fréquentés par les trekkeurs et les alpinistes, les modes de vie persistent quant à l'essentiel. Certes on peut rencontrer dans les centres de marché, des montagnards portant de vieux Nikes et des vêtements de montagne à l'allure occidentale mais les croyances, les coutumes et les manières de vivre sont plus tenaces que les modes vestimentaires. Dans ces hautes vallées isolées, le temps semble s'être figé.
Toutefois, sur les grands circuits de trekking, quelques villages ont commencé à perdre de leur authenticité. Des maisons ont été converties en lodges pour les touristes. Des maisons de thé ont été construites. Les petits potagers se font de plus en plus rares. Les épouses des éleveurs de yacks se sont converties en aubergistes tandis que leurs garçons sont devenus guide de trekking. Dans le massif des Annapurnas, une route est en construction. Les guides deviendront-ils des conducteurs de 4 X 4 ? Les porteurs se convertiront-ils en chauffeurs de minibus ?
Ces deux visages du Népal rural coexistent. Tandis que certains villages se transforment, d'autres restent figés dans le temps à des décennies des premiers. Pourtant, ils subissent les effets de ce développement : une hausse des prix de plusieurs biens de consommation sans accès aux bénéfices du développement. On appelle ça le progrès !
Crédits photo
© Bes Stock (en haut)
© Daniel Gauvreau (en bas)