Considérant la grande diversité ethnique de la population du Népal, peut-on parler d'une « culture népalaise » ? Certes, certains traits de la société népalaise sont largement partagés. La langue nepali par exemple constitue un élément culturel « unificateur » puisqu'elle est parlée par la grande majorité de la population. La ferveur religieuse, en tant que pratique quotidienne, quelles que soient les croyances, peut aussi constituer un trait culturel marquant de la société népalaise. Par ailleurs, ce fond culturel commun ne doit pas masquer les spécificités culturelles des différentes castes, ethnies et groupes tribaux du Népal. Aussi, l'expression « mosaïque culturelle » convient peut-être mieux pour traduire la très grande diversité culturelle de ce pays.
Langue officielle et nationale
La langue officielle de l'État est le nepali, parfois aussi appelé pahari. Elle tire son origine de la langue parlée par les Kha qui ont érigé un royaume puissant dans l'ouest du Népal avant l'unification du pays par Prithvi Narayan Shah en 1768. Aujourd'hui, le nepali est la langue de l'Administration, de la justice et celle la plus utilisée au Parlement. Même si la Constitution de 1990 stipulait que « toutes les langues parlées comme langue maternelle dans les diverses parties du Népal étaient des langues nationales népalaises », les textes officiels sont rédigés en nepali. En effet, lors d'une décision en 1999, la Cour suprême du Népal a conclu que l'utilisation des « langues ethniques » dans les bureaux de l'Administrations était inconstitutionnelle et illégale.
L'application de cette décision de justice a favorisé avec le temps la mobilisation des communautés ethniques minoritaires et la création de la Fédération des nationalités du Népal(Nepal Janajati Mahasamgha) afin de lutter contre la « discrimination » exercée par les Indo-Népalais d'origine Kha majoritaires au pays.
Langues d'enseignement
Pour favoriser l'unification du pays, la politique linguistique du Népal a priorisé le nepali comme langue d'enseignement, tout en reconnaissant officiellement plusieurs autres langues nationales. Si, en principe du moins, tous les membres des minorités ethniques ont le droit d'être instruits dans leur langue maternelle au primaire, la réalité est toute autre. Dans les zones urbaines, l'enseignement au primaire et au secondaire est d'une manière générale dispensé en nepali. C'est surtout l'anglais qui est enseigné comme langue seconde.
Toutefois, les minorités indo-népalaises parlant le bhojpouri, le maithili, le tharu, l'awadhi et l'hindi, les plus importantes en nombre, peuvent bénéficier d'un enseignement de ces langues au primaire. Ce qui n'est habituellement pas le cas pour les minorités tibéto-népalaises alors que seules quelques langues minoritaires (newari, tamang, magar, limbu, sherpa et gurung) sont enseignées durant les premières années du primaire dans les seules régions où ces communautés sont concentrées. Aux niveaux secondaire et universitaire, c'est le nepali qui est utilisé.
Entre Brahma et Bouddha
Jusqu'à tout récemment, le Népal était le seul royaume officiellement hindouiste au monde. Dans la foulée des mesures démocratiques adoptées par le Gouvernement transitoire constitué en avril 2006, le Népal a perdu cette étiquette à la suite de la promulgation d'une loi sécularisant l'État népalais.
Selon le recensement effectué en 2001, 80,6% de la population était alors hindouiste. Le bouddhisme, seconde religion en importance, rejoignait 10,7% de la population.
L'hindouisme est prépondérant dans les basses terres, la vallée de Katmandou et les collines. Le bouddhisme, aussi présent dans la vallée de Katmandou et les collines, prédomine largement dans les hautes montagnes.
Qu'ils soient hindouistes ou bouddhistes, les Népalais sont profondément croyants et pratiquants. Leur ferveur religieuse est partout manifeste. C'est là l'un des traits les plus remarquables de la société et de la culture népalaise.
Dans plusieurs régions du Népal, les temples hindous côtoient les temples bouddhistes et de nombreuses fêtes et cérémonies religieuses attirent autant les fidèles hindouistes que bouddhistes. L'interpénétration des croyances, notamment dans la vallée de Katmandou, est un phénomène absolument fascinant.
Ailleurs, selon les régions, les croyances et les pratiques religieuses donnent une couleur franchement hindouiste ou bouddhiste aux collectivités qui, s'ajoutant aux croyances en des divinités locales, aux langues et dialectes parlés, aux coutumes et traditions communément partagées et aux modes de subsistance pratiqués laissent apparaître toute la diversité culturelle du Népal qui fait de ce pays un véritable patchwork culturel.
Note Le terme « culture » est ici employé pour signifier l'ensemble des traits distinctifs qui caractérisent une société ou un groupe social. Outre les arts et les lettres, elle englobe le système de valeurs, les croyances et les traditions qui modèlent les attitudes et comportements des membres d'une collectivité et fondent le sentiment d'appartenance au groupe.
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