Où qu'elles
soient situées, les hautes chaînes de montagnes du monde
ont en commun un certain nombre de caractéristiques liées
aux processus de leur formation et de leur évolution. Elles
imposent en outre des conditions de vie similaires à la flore, à la
faune et aux hommes qui y sont établis. Comment se forment
les montagnes ? Quelles sont les conditions qu'elles imposent à ceux
qui y vivent ? Quelle importance revêt la préservation
des montagnes parmi les éléments essentiels à la
vie sur terre ?
Les
montagnes naissent et meurent
Parfois
toute en douceur et domestiquée, parfois rugueuse et dangereuse,
la montagne offre une variété de visages qui ne cessent
de nous émerveiller. Les montagnes occupent 25% de la surface
de la terre (océans exceptés) et abritent 10% de la population
mondiale. C'est dire toute leur importance. Les montagnes évoluent
selon un cycle comparable à celui qui caractérise les
organismes vivants. Elles naissent, connaissent une période
de croissance vigoureuse, atteignent la maturité, vieillissent
et meurent, usées par les forces d'érosion. Bien sûr,
il faut compter ici en millions d'années.
Les continents valsent
Il
est admis depuis plusieurs décennies que l'écorce
terrestre est constituée de grandes plaques rigides sur
lesquelles reposent les continents et les bassins océaniques.
Ces plaques rigides se déplacent lentement en glissant sur
le manteau plus fluide. On distingue les plaques continentales
sur lesquelles reposent les continents et les plaques océaniques
sur lesquelles reposent les bassins océaniques. Ces dernières,
même si elles sont moins épaisses que les plaques
continentales, sont constituées de matière plus dense.
Les plaques se déplacent les unes par rapport aux autres.
Deux plaques peuvent s'éloigner (divergence) ou au contraire
se rapprocher et entrer en collision (convergence). Elles peuvent
aussi glisser l'une contre l'autre créant une friction à leurs
bordures (transformation). C'est principalement là où les
plaques se rencontrent, c'est-à-dire à leurs bordures,
que se situent les zones de déformation de l'écorce
terrestre. L'interaction des plaques est à l'origine des
tremblements de terre, de l'activité volcanique et de la
formation des montagnes.
Les plaques tectoniques
L'écorce terrestre se plisse
Lorsque
deux plaques continentales constituées de roches de même
densité entrent en collision, la poussée qu'elles
exercent l'une sur l'autre et la pression qui en résulte
ne peuvent se résorber que par le plissement de l'écorce
terrestre (épaississement de la croûte) ou l'enfoncement
de l'une des plaques sous l'autre, qui a pour effet de soulever
la croûte terrestre. Les deux phénomènes
ont pour résultat l'émergence d'une chaîne
de montagnes. Lorsqu'une plaque océanique, constituée
de matière dense entre en collision avec une plaque continentale
constituée de matière moins dense, elle s'enfonce
sous la plaque continentale tout en la soulevant (zone de subduction).
Ce phénomène est aussi à l'origine d'une
chaîne de montagnes.
Si
la naissance de nombreuses chaînes de montagnes peut s'expliquer
par le mouvement des plaques, d'autres par contre semblent résulter
de processus quelque peu différents : éruption
de matériaux provenant du centre de la terre donnant naissance
aux volcans ; séparation et soulèvement de
masses rocheuses à la suite d'une fracture de l'écorce
terrestre causée par des pressions souterraines ;
etc. Ces derniers phénomènes seraient aussi reliés
au mouvement des plaques.
Au
risque d'une simplification excessive, voici résumé quelques éléments
de la théorie de la tectonique des plaques. C'est grâce à cette
théorie relativement récente que les scientifiques
expliquent le lent mouvement perpétuel caractérisant
la surface de la terre et le changement de sa physionomie à travers
les millénaires. Elle permet de reconstituer notamment le
passé des continents et l'histoire des montagnes.
La terre change de physionomie
De nombreux
chercheurs pensent qu'il y a environ 650 millions d'années,
toutes les masses continentales de la terre formaient un mégacontinent
baptisé Rodinia, écrit Pierre-André Bourque
(2003), professeur au Département de géologie et
de génie géologique à l'Université Laval.
Ce mégacontinent s'est fragmenté en quelques masses
continentales (Gondwana, Laurentia, Sibéria, Baltica et
quelques autres). Ces masses ont commencé à dériver
les unes par rapport aux autres. Elles s'éloignèrent
et se rapprochèrent, ouvrant et fermant au fil du temps
des océans. Certaines entrèrent en collision, donnant
naissance à des chaînes de montagnes.
Il
y a 255 millions d'années, plusieurs masses continentales étaient à nouveau
rassemblées pour former la Pangée, un mégacontinent
qui, il y a 200 millions d'années, commença aussi à se
fragmenter : Laurasia au nord et Gondwana au sud. Il y a
environ 160 millions d'années, la fragmentation a commencé à individualiser
les masses continentales actuelles. Cette lente mouvance a façonné la
surface de la planète pour lui donner la physionomie que
nous lui connaissons aujourd'hui. Notons enfin que le mouvement
des continents se poursuit toujours, très lentement mais
inexorablement.
La Pangée
Crédits photo US Geological Survey sont libres de droits. (ci-dessus)
Les grands soulèvements
La
grandes chaînes de montagnes sont apparues sur la terre il
y a plusieurs millions d'années. Le grand rassemblement qui
conduisit à la formation de la Pangée causa des collisions
entres plaques qui firent naître les Appalaches et les monts
Ourals.
De
même, les collisions qui résultèrent du démembrement
de la Pangée, provoquèrent la formation des Pyrénées,
des Alpes, des Atlas, des Andes, des Rocheuses et enfin de l'Himalaya.
Montagnes Rocheuses
Alberta, Canada
Schéma de la
terre
La terre est constituée
d'un noyau de matière solide dont la température
dépasse 4 000 °C. Ce noyau interne est
entouré d'un noyau externe liquide.
La terre
Ce noyau externe
est à son tour entouré d'un manteau constitué de
roches chaudes (asthénosphère) et enfin de l'écorce
terrestre (lithosphère), dont la profondeur atteint à peine
100 km dans les parties les plus épaisses.
Les plaques tectoniques
Plaque
africaine
Plaque
antarctique
Plaque
australienne
Plaque
arabique
Plaque
eurasienne
Plaque
indienne
Plaque
nord-américaine
Plaque
sud-américaine
Plaque
des Philippines
Plaque
du pacifique
Plaque
Scotia
Plaque
Cocos
Plaque
de Nazca
À ces
grandes plaques s'ajoutent des plaques mineures : Adriatique, Anatolienne,
Ibérienne, Iranienne, Galapagos, Juan de Fuca, Somalienne...
soit une trentaine.