Population
La
croissance rapide de la population
du Népal n'est pas supportée par un
développement économique adéquat. Conséquences :
famines fréquentes et insécurité alimentaire
dans plusieurs régions du pays;
insuffisance des ressources et des équipements au regard des besoins en éducation, santé et services communautaires.
Les techniques de contrôle
des naissances se heurtent à une valeur de la culture népalaise :
l'importance des enfants. Les enfants constituent
un élément vital pour la famille. Cela se vérifie autant chez les hindouistes que chez les
bouddhistes. En effet, dans une société où,
faute de moyens technologiques adéquats, il faut littéralement
mettre l'épaule à la roue, les enfants constituent
une « ressource » précieuse. Ils aident
leurs parents dans les activités de production et les tâches
quotidiennes. En retour, les parents peuvent compter sur eux pour
assurer leurs vieux jours puisqu'il n'existe aucun système
de sécurité sociale.
Environnement
Plusieurs
régions du pays sont fréquemment secouées
par des catastrophes naturelles : inondations au sud; sécheresses à l'ouest; débordements
de lacs glaciaires et avalanches au nord. De plus, le Népal est situé au coeur d'une zone sensible aux tremblements de terre.
Depuis
1950, la déforestation a pris une ampleur dramatique au
Népal. Les pluies de mousson ont un effet de plus en plus
dévastateur sur le sol ainsi mis à nu, causant des
glissements de terrains. Robert Hutchison (1991) estime que le Népal
perdrait ainsi un milliard de tonnes de terre annuellement et affirme
que les modifications écologiques qui résulteront
de la déforestation feront du sud de ce pays, un désert
dans un demi siècle. Quoique jugé extrémiste
par des spécialistes de l'environnement, ce constat nen
révèle pas moins lampleur des déséquilibres écologiques
au Népal.
Tourisme
Au
cours des dernières décennies, le Népal
a encouragé le tourisme de masse en laissant, pour
l'essentiel, l'initiative au secteur privé. L'activité touristique
a eu certes un impact positif sur l'économie mais
en même temps, des effets beaucoup moins favorables sur l'environnement,
les populations et leur culture.
Des
milliers de tonnes de déchets ont été laissés
ici et là sur les circuits touristiques, faute de
moyens appropriés pour en disposer efficacement. Tout
en offrant de nouvelles occasions d'affaires et en stimulant
l'emploi au sein de communautés autrefois isolées,
le tourisme a affecté les modes de vie traditionnels
des populations. Les hommes, qui autrefois cultivaient les
champs et s'occupaient des troupeaux de yacks, se sont convertis
en guides ou porteurs, laissant souvent aux femmes un surcroît
de travail. Les jeunes ont quitté les villages pour
pratiquer aussi les métiers de la montagne. Des femmes
sont devenues aubergistes en opérant des lodges et
maisons de thé sur les treks les plus parcourus.
Par
ailleurs, les
communautés vivant en montagneen en dehors des grands circuits touristiques, se sont vues marginalisées en subissant les effets de la hausse des prix provoquée par l'afflux de touristes sans bénéficier des retombées de cette activité.
Des
mesures ont été prises pour palier à certaines
conséquences négatives causées par l'accroissement
du tourisme. Mais le véritable enjeu ne consiste pas
dans la seule limitation des dégâts. Que feront
les Népalais pour s'assurer que l'activité touristique
contribuera équitablement et de manière durable
au développement des communautés locales tout
en sauvegardant les spécificités culturelles
qui cimentent leur vie collective ?
Croissance économique
La vallée
de Katmandou est de plus en plus confrontée aux maux de la
société occidentale de consommation. La vallée
n’est plus ce bout du monde préservé des influences
extérieures par des siècles d’isolement, affirme
Claube B. Levenson (1995). Alors que le Népal vivait autrefois en quasi autarcie, il est maintenant désigné par
les Nations Unis comme l’un des pays les plus pauvres du monde.
L’arrivée de centaine d’organisations d’aide
au développement fait du Népal un pays d’assistés
essentiellement tributaire de l’aide étrangère.
À l'aube
du nouveau millénaire, le Népal, secoué par
le modernisme tout en restant attaché au passé, fait
face à de nombreux défis. L'économie
du Népal est très dépendante de celle
de l'Inde, ce qui globalement diminue sa marge de manuvre
déjà étroite. Les infrastructures sanitaires
de ses villes sont déficientes. Les réformes économiques
mises de l'avant n'ont pas donné les résultats escomptés.
Sans être véritablement intégré au monde
moderne, le Népal est déjà confronté au
dilemme du développement : comment parviendra-t-il à progresser
sur la voie du développement économique tout en minimisant
les coûts environnementaux et sociaux de ce passage obligé ?
Instabilité politique
Depuis
l'instauration d'une monarchie parlementaire multipartite, le pays souffre
d'une instabilité politique chronique. En 2002, le roi a suspendu
le Parlement, mettant la démocratie en veilleuse. En 2006, un
vaste mouvement populaire l'a obligé à rétablir
le Parlement. La population n'a pas pardonné à ce roi déjà peu populaire, la force excessive utilisée pour réprimer les manifestations. Pour les maoïstes, le fruit était mûr. Cela lui a coûté son trône.
La fin de la guerre civile, l'élection d'une Assemblée constituante et l'abolition de la monarchie voulue par les maoïstes n'ont pas apporté la stabilité souhaitée, loin s'en faut.
La nouvelle constitution adoptée en 2015 n'a pas vraiment modifié la situation politique au Népal qui demeure instable. Les partis politiques se succèdent au pouvoir et peinent à se maintenir en raison de coalitions très volatiles. Depuis 2022, la coalition au pouvoir est dirigée par le maoïste Pushpa Kamal Dahal.
Géopolitique régionale
« Coincé entre l’Inde et la Chine, le Népal est le théâtre d’une âpre lutte d’influences entre les deux géants asiatiques », écrivait Frédéric Bobin, correspondant au journal Le Monde, lors de la démission de l'ex-Premier ministre maoïste le 4 mai 2009 à la suite du bras de fer qui l'a opposé au Président du Népal à propos du contrôle de l’armée. L'Inde aurait pesé de tout son poids pour empêcher l'armée népalaise de passer sous contrôle maoïste. Un fait parmi tant d'autres illustrant la forte influence qu'exerce l'Inde sur le Népal.
L'Inde n'aurait jamais hésité à s'ingérer dans les affaires népalaises afin de protéger ses intérêts stratégiques, y compris à intervenir pour changer un gouvernement trop indocile envers elle, affirment plusieurs observateurs. L'Inde et la Chine entretiennent de vieilles rivalités. Malgré la montée en puissance de la Chine, l'Inde entend bien tenir le géant chinois à distance du Népal. Ce pays représente un marché de 30 millions d'habitants. Elle achète déjà à bon marché l'énergie hydro-électrique du pays. L'économie népalaise dépend pour une large part des importations indiennes. Au plan géopolitique, le Gange est alimenté par des rivières traversant le Népal, lesquelles constituent des sources d'énergie hydro-électrique dont l'Inde aura besoin pour assurer son développement.
Le Népal est aussi un enjeu pour la Chine. Voilà une belle occasion pour elle de faire la démonstration du rôle stratégique qu'elle entend jouer dans la région. Qui plus est, la Chine a aussi des raisons de faire pression sur le Népal. Depuis longtemps, le Népal sert de pays de transition pour les réfugiés cherchant à fuir le Tibet par les hauts cols himalayens afin de rejoindre Dharamsala en Inde, où vit la majeure partie de la diaspora tibétaine. La Chine semble en avoir assez des manchettes qui inondent la presse internationale faisant état de la maltraitance des Tibétains qui s'opposent au « génocide culturel » en cours au Tibet. Il y a plus de 20 000 réfugiés tibétains vivant au Népal. La Chine fait pression sur le Népal pour que cessent les manifestations des activistes pro-tibétains à Katmandou et pour qu'une police népalaise soit déployée pour surveiller les cols himalayens empruntés par les clandestins voulant fuir le Tibet.
Le gouvernement népalais est coincé. D'une part, la communauté internationale ne voit pas d'un bon œil un raidissement de la politique népalaise à l'égard des Tibétains. D'autre part, le Népal ne veut pas indisposer la Chine, dont il entend se servir pour faire contrepoids à l'influence indienne. Pékin entend bien profiter de cette situation. Déjà des projets de coopération entre le Népal et la Chine sont à l'ordre du jour. Notamment une liaison ferroviaire reliant Lhassa à Katmandou... au grand dam de l'Inde !
Page complémentaire
Histoire du Népal
Pollution à Katmandou
Selon
toute vraisemblance, le flux migratoire vers la vallée de
Katmandou va saccentuer. Or, d'après Claude B. Levenson
(1995), Katmandou serait la ville la plus polluée dAsie.
Des chercheurs de lUniversité de Denver affirment même
que Katmandou arrive au deuxième rang, après Mexico,
parmi les villes les plus polluées du monde. La situation
ira vraisemblablement en se détériorant au cours des
prochaines années.
Protection de l'environnement
Après
une période de flottement, le Népal a réagi
pour limiter les effets négatifs du tourisme de masse, qu'il
encourage par ailleurs. Des réserves naturelles et plusieurs
parcs nationaux ont été créés. En outre,
des mesures de protection de l'environnement et des programmes
de reboisement ont été mis sur pied. Une partie des
sommes perçues au titre des visas et permis de visite a été investie
dans ces programmes. Dans une perspective visant à favoriser
l'écotourisme et le développement durable, les populations
locales ont été impliquées dans la gestion
de ces programmes. Les résultats sont encourageants mais
il reste énormément à faire disent les experts.
Il ne suffit pas de multiplier les initiatives et de convaincre
quelques leaders locaux. Il faut préalablement sensibiliser
les populations aux conséquences de la dégradation
de leur environnement et les amener à adopter une vision à long
terme alors que leur quotidien, avec son lot de privations et de
difficultés requiert déjà toute leurs énergies.
Sauvegardons l'âme du Népal
Dans
son livre, « Népal entre terre et ciel »,
Huguette Ecole (1971) plaide en faveur d'un développement
harmonieux du Népal, un véritable cri du coeur.
Ce passage m'est apparu tellement inspirant et d'actualité que
j'ai voulu le partager avec vous.
« Jusqu'ici,
presque partout dans le monde, le développement matériel
a été de pair avec l'occidentalisation. Étant
donné les progrès alarmants de l'uniformisation,
ne pourrait-on concevoir des formes de développement respectant
beaucoup plus la personnalité des peuples? À une époque
où l'Occident connaît un certain malaise des âmes,
où il met parfois en question, à juste titre, certains
excès de la société de consommation, il serait
logique qu'il n'aille pas contribuer à détruire des
formes de culture encore vivantes mais qu'au contraire il cherche à en
comprendre la signification profonde et à les préserver.
L'Occident peut aider le Népal à sortir de son sous-développement
matériel, et il cherche à le faire d'ailleurs. Mais
le Népal peut aussi aider l'Occident dans sa quête
de l'unité et de l'harmonie intérieure... à condition
de conserver son âme. Puisse-t-il résoudre, sans heurts,
la difficile conciliation de ses progrès matériels
et de ses aspirations spirituelles, et rester, à tous points
de vue, un royaume entre terre et ciel ! »
Puisse
ce cri du coeur être entendu par tous ceux et celles qui
sont appelés à contribuer, de près ou de
loin, au développement du Népal et des pays du
tiers monde. L'humanité n'en sera que meilleure et le
monde plus beau.