La montagne
menacée
Les
montagnes ont été reconnues pour la première
fois comme source de préoccupation majeure pour le devenir
des sociétés humaines au Sommet de la terre tenu à Rio
en 1992. La future croissance de la population mondiale dépend
dans une large mesure des bassins versants qu'abritent les montagnes.
De
nombreux fleuves et cours d'eau, prenant leur source en montagne,
coulent sur de longues distances pour rejoindre les océans,
en irriguant les plaines sur leur passage. La moitié de l'humanité dépend
de l'eau douce provenant des montagnes, estime-t-on.
Or,
la montagne est menacée. La coupe excessive des arbres sur
le flanc des montagnes et la conversion des forêts de montagne
en terre agricoles accentuent les phénomènes d'érosion.
Les pentes dénudées sont plus sujettes aux glissements
de terrain et aux avalanches qui dégradent davantage des environnements
déjà malmenés. L'eau charrie des boues qui envasent
les cours d'eau. Les espèces animales et végétales
vivant en montagne voient leur niche écologique se retrécir.
Sous la pression des populations qui les habitent, les ressources
se raréfient, forçant de nombreuses familles à migrer
vers les villes. Celles qui restent s'appauvrissent. Des communautés
vivant autrefois en harmonie avec la montagne se désintègrent
peu à peu. Les effets perturbateurs de cette dégradation
débordent le cadre strict de la montagne en se répercutant
sur les autres environnements. Car notre planète n'est rien
d'autre, au plan écologique, qu'un ensemble d'environnements
interreliés.
Tourisme de montagne
Les
montagnes représentent l'une des plus importantes destinations
touristiques du monde. On estime que le tourisme de montagne génère
des recettes d'environ 75 milliards de dollars par année en
attirant chaque année 50 millions de personnes. On prend des
vacances en montagne pour fuir le stress de la ville, pratiquer les
sports de montagne (ski, trekking, alpinisme, rafting, canyoning,
planche à neige, parapente), admirer des paysages fabuleux,
se ressourcer, faire des voyages de méditation.
Parc national de Jasper | Alberta | Canada
Le
tourisme constitue une source importante de revenu pour les communautés locales et favorise leur développement socio-économique
: construction d'infrastructures de base permettant d'accueillir
les visiteurs, création d'emplois et création d'un
marché pour les produits de l'artisanat. Il peut même
freiner la migration forcée des jeunes vers la ville, lesquels
peuvent désormais envisager un avenir décent au sein
de leur communauté. Le tourisme permet donc d'améliorer
le niveau de vie des populations vivant en montagne.
Le
tourisme de montagne peut entraîner par ailleurs son lot d'inconvénients :
abattage des arbres pour la construction des infrastructures touristiques,
absence ou mauvaise gestion des ordures, dégradation des sentiers
tenant lieu de routes en maints endroits, détérioration
des écosystèmes les plus fragiles, bouleversement des
modes de vie traditionnels, dépendance des populations locales
envers les revenus du tourisme, etc.
Le
tourisme de montagne étant la plupart du temps saisonnier
ou obéissant à des modes passagères, les profits
qu'il génère devraient être réinvestis
afin de diversifier les moyens de subsistance des communautés
locales, pensent les experts. Ce qui n'est pas toujours le cas. Pour
que le tourisme de montagne engendre des bénéfices
aux effets durables, il doit être planifié et géré dans
le cadre d'une stratégie globale de développement économique
et doit favoriser la participation des acteurs locaux, car il y va
du devenir de leurs communautés. Cela nécessite la
conversion du tourisme de masse en écotourisme, seul capable
de freiner la détérioration des écosystèmes
de montagnes tout en préservant les cultures et coutumes autochtones.
Crédits photo
© Serge-André Lemaire (à gauche)
© Daniel
Gauvreau (à droite)
La montagne des scientifiques
Les
scientifiques entendent par montagnes les hautes terres au-dessus
de 2 500 mètres, incluant les collines de moindre altitude
entourant ces hautes terres et les vieilles chaînes de montagnes érodées
aux pentes plus douces telles les Appalaches et les Scottish Highlands.
Quelques chiffres
les
montagnes comptent pour environ 20% des terres de la planète
;
600
millions de personnes habitent les montagnes ;
80%
des populations vivant en montagne se retrouvent sous le seuil de la
pauvreté ;
tous
les grands fleuves du monde prennent leur source dans les montagnes (Amazone,
Yangtse, Brahmapoutre, Indus, Gange, Nil, etc.) ;
trois
milliards de personnes seront affectées par la rareté de
l'eau douce en 2025 ;
11
des 18 régions identifiées par l'ONU comme ayant besoin
d'aide humanitaire en 2002 étaient situées en zone montagneuse
;
le
tourisme de montagne représente entre 15 et 20% de l'industrie
touristique mondiale.
Écotourisme
L'écotourisme
est défini comme un voyage responsable vers des zones naturelles
qui permet de préserver l'environnement et d'améliorer
le bien-être des populations autochtones. L'écotourisme
vise à rendre durable les effets positifs du tourisme tout
en atténuant les conséquences négatives qu'il
peut entraîner sur l'environnement et la culture des populations.
Selon l'Association de l'écotourisme, il représente
entre 2 et 4% du tourisme mondial et serait en pleine croissance.
Développement
durable
L'écotourisme a pour but de favoriser le développement durable
des communautés locales. Ce qui implique qu'une partie des bénéfices
qu'il génère doit être réinvesti au sein même
de la communauté locale afin de soutenir autant les projets de conservation
du milieu que ceux visant la préservation de la culture autochtone.
Ce réinvestissement prend souvent la forme de programmes de reboisement,
de gestion des ordures, de sensibilisation des populations autochtones à la
nécessité des mesures de protection de l'environnement, de formation
des jeunes pour favoriser le maintien des savoir faire en matière d'artisanat,
etc.
Le cas du Népal
Le
trekking au Népal a commencé bien avant que l'on parle
d'écotourisme. Il a eu des effets positifs mais aussi négatifs
sur les communautés locales et l'environnement.
Le trekking au Népal
L'écotourisme
y a toutefois pris racine. Des efforts sérieux y sont faits
pour maximiser les effets positifs et minimiser les effets négatifs
du tourisme.