Biodiversité en montagne


La montagne est « un milieu dominé par la tyrannie de la pente et la violence des phénomènes naturels » écrivait le géographe Max Derruau. En effet, les pentes, le gel, le froid, le vent, les glissements de terrain et les avalanches en font l'un des milieux les plus inhospitaliers de la terre. Toutefois, malgré l'âpreté des conditions qui y règnent, la vie s'est infiltrée en haute montagne et a pris racine. De nombreuses espèces végétales et animales se sont adaptées à ces conditions difficiles et s'acharnent à y vivre.

Végétation

Les grandes chaînes de montagnes partagent plusieurs caractéristiques communes, malgré des différences notables selon leur emplacement. On observe que la végétation s’y superpose en étages horizontaux parallèles dont chacun comporte des espèces distinctes. En s’élevant, les forêts de conifères (sapin, pin, genévrier, épicéa, etc.) remplacent les forêts de feuillus (chêne, bouleau, hêtre, etc.). Puis les arbres deviennent moins nombreux et plus petits. Ils sont remplacés progressivement par une végétation rabougrie poussant au ras du sol. La forêt cède ainsi la place à la toundra où poussent différentes variétés de mousses, de lichens et de petites plantes vivaces. En très hautes montagnes, les neiges éternelles et les glaciers viennent coiffer le roc nu des hauts sommets où il n'y a plus signe de vie.

Les limites de ces zones sont cependant très irrégulières. Elles fluctuent selon la composition du sol, la pluviosité et le degré d'exposition au soleil et au vent. Le passage d'une zone à l'autre est graduel de sorte que certaines de leurs espèces coexistent à leurs limites.

Vie animale

En montagne, on rencontre de nombreuses espèces d’herbivores : yack en Himalaya, élan dans les Rocheuses, guanaco, lama et alpaca dans les Andes. Dans toutes les chaînes, des chèvres et des moutons parviennent à vivre au-dessus de la limite supérieure des arbres. Appartenant à des espèces différentes, ces chèvres et ces moutons ont développé des habitudes similaires au cours de leur processus d'adaptation à la haute montagne.

Mouflon des rocheuses

Ces herbivores sont suivis par leurs prédateurs naturels tels le Couguar dans les Rocheuses, le Puma dans les Andes et le Léopard des neiges en Himalaya. De nombreux petits mammifères (marmottes, pikas, campagnoles, lapins, écureils, etc.) se sont aussi adaptés à la vie en haute montagne. Tout comme pour les autres espèces, ils doivent travailler fort pour survivre. Comme on peut s'y attendre, les oiseaux sont particulièrement bien adaptés à la haute altitude. Les aigles, faucons, vautours, condors planent au-dessus des cimes à la recherche de leurs proies. Certains de ces oiseaux sont gigantesques. Ailes déployées, le condor des Andes peut atteindre trois mètres.

Adaptation au milieu

Les plantes et les animaux ont développé de multiples moyens pour s'adapter aux conditions particulières de la haute montagne.

Oeillet  en forme de coussinetGénéralement, les plantes se sont adaptées en modifiant leur forme de telle sorte qu'elles se sont distinguées de leurs semblables à la plaine. Elles sont souvent de petite taille. Certaines ont des tiges courtes leur permettant de donner moins d'emprise au vent. D'autres poussent en amas serrés de fleurs se protégeant mutuellement. D'autres encore possèdent de longues racines pour rejoindre l'humidité d'un roc plutôt sec ou sont dotées d'une surface duveteuse qui les aide à conserver leur humidité.

Les animaux, étant mobiles, ont en général réussi à s'ajuster à la vie en montagne sans modifier de façon majeure leur forme. Ils ont dû néanmoins modifier certains de leurs comportements ou en adopter de nouveaux. Certaines espèces de mammifères émigrent en suivant le cycle des saisons tandis que d'autres hibernent. Des rongeurs se construisent des abris sous la neige et continuent de s'affairer pendant tout l'hiver. Sauf dans les conditions extrêmes de la très haute altitude, la vie s'est infiltrée en haute montagne et a pris racine.

Crédits photo
© Frances W. Zweifel

 

Variété des milieux de vie

En montagne, le climat, le relief et l'altitude se combinent pour créer sur des distances relativement courtes, une grande variété de milieux de vie qui, ailleurs, s'étendent sur des milliers de kilomètres.

CONDITIONS CLIMATIQUES
Constituant une barrière à la circulation des masses d’air, les hautes montagnes ont un effet majeur sur le climat de vastes régions. L’air humide en provenance des océans, se refroidissant dans les courants ascendants provoqués par les montagnes, accroît la pluviosité sur les versants exposés au vent alors que les versants opposés sont souvent arides.

RELIEF ET ALTITUDE
Le relief, l'orientation des versants ainsi que l'altitude ont une influence déterminante sur la température. Selon le moment de la journée, les écarts de température peuvent être considérables. Tous ces phénomènes contribuent à façonner une grande variété de milieux de vie au sein des montagnes.

Un animal adapté à la montagne

Les chèvres, comme bon nombre de grands herbivores de montagne, sont dotés d'un type de sabot particulier : flexible, avec une voûte cambrée et des « doigts » semblables à des pinces. Ce type de sabot leur permet de se déplacer rapidement sur des pentes fortement escarpées malgré un sol rocheux fort inégal.

Chèvre des montagnes

Chèvre des montagnes

Les chèvres n'hésitent pas à s'aventurer sur des corniches si étroites qu'elles semblent impossibles à franchir. La chèvre constitue sans doute l'un des mammifères les mieux adaptés à la montagne. C'est pourquoi on la retrouve partout.

Adaptation des plantes

L'oeillet d'Inde, poussant en plaine, est un proche parent de l'oeillet de l'Amérique du nord en forme de coussinet (ci-contre). En s'adaptant à la montagne, cette plante s'est transformée en prenant forme de coussinet pour se protéger.

Oeillet d'Inde
Oeillet d'Inde


Rocheuses canadiennes

Chèvre des montagnes
Rocheuses canadiennes