Les castes chez les Indo-Népalais
Majoritaires au Népal, les Indo-Népalais y sont très influents. C'est notamment le cas de ceux qui appartiennent aux castes (varna) les plus élevées : celle des Bahun (Brahmanes ou Brahmines) et celle des Chhetri (Kshatriya). Au nombre d'environ 8 millions, ils représentent le tiers de la population népalaise. Les Bahun et les Chhetri sont disséminés sur tout le territoire népalais, à l'exception du haut Himalaya. En règle générale, ils mettent en pratique les anciennes prescriptions du système de castes.
Les Indo-Népalais des collines centrales sont souvent désignés par le nom de Pahari (ceux qui habitent les montagnes) par opposition aux Madeshi ou Madesh (ceux qui habitent la plaine du Teraï). Les Pahari ont pour ancêtres les Kha, un peuple d'origine indo-européenne. Venus de l'Inde, les Kha ont édifié au fil des siècles dans l'ouest du Népal, un royaume puissant qui a survécu jusqu'à l'unification du pays en 1768 par Prithvi Narayan Shah. Après l'unification, les Kha assurèrent un leadership de plus en plus marqué sur la vie népalaise. Leur langue est devenue la langue officielle du Népal, le nepali.
Bahun et Chhetri
Seuls les Bahun (Brahmanes) peuvent exercer des fonctions religieuses au sein de la société hindouiste. Traditionnellement, cette caste regroupait les gens instruits qui agissaient comme prêtres ou enseignants. Ils avaient pour devoir de guider la communauté. Ils observaient un code strict relativement à la propreté. De nos jours, les Bahun exercent bien d'autres professions ou métiers non traditionnelement dévolus à leur caste. Ils sont propriétaires terriens, agriculteurs ou occupent différentes fonctions dans les affaires, le commerce ou lAdministration publique.
Appartenant à la caste traditionnelle des guerriers, les Chhetri (Kshatriya) occupent le deuxième rang dans la structure de castes et se retrouvent aujourd'hui nombreux dans larmée népalaise mais aussi dans l'Administration, la diplomatie et lagriculture. Plusieurs d'entre eux ont adopté un mode de vie citadin.
S'il est vrai que plusieurs des personnes appartenant aux hautes castes mènent une vie relativement aisée, il n'y a pas de lien direct entre la richesse et l'appartenance à une haute caste. L'aisance financière semble davantage liée à l'instruction et à la profession exercée. Aussi, un brahmane agriculteur peut vivre moins richement qu'un Chhetri occupant une fonction dans l'Administration ou un commerçant.
Baysia et Sudra
Les artisans, les commerçants et les agriculteurs font partie de la caste traditionnelle des Baysia (Vaishya). La caste des Sudra (Shudra) regroupent traditionnellement ceux qui exerçent les « petits métiers » et les serviteurs.
Ces castes étaient considérées comme des castes de service pour les hautes castes. Aujourd'hui, Baysia et Sudra ne se distinguent pas beaucoup des autres groupes ethniques, particulièrement lorsqu'ils vivent à la campagne. Ils n'ont pas le privilège de faire partie des « purs » mais ne portent pas pour autant la souillure intrinsèque des « intouchables ».
Place des potiers | Bhaktapur
Dalit
Les Dalit regroupent les hors-caste, les personnes considérées « intouchables ». Ce sont les « impurs ». Ceux qui exercent des tâches dégradantes : tanneur, cordonnier, forgeron, balayeur et autres métiers similaires. En somme, des tâches les mettant en rapport avec la saleté et les résidus du règne animal. Les gens appartenant à cette caste font l'objet d'une discrimination systémique de la part des gens des autres castes.
Thakuri
Les Thakuri constituent un groupe à part mais influent au Népal. Leurs traditions culturelles sont très proches de celles des Chhetri. Ils seraient originaires du nord de l'Inde, principalement du Rajasthan, et auraient migré au Népal au XIIe et XIIIe siècle. Bon nombre d'entre eux occupent aussi des positions clés au sein des services gouvernementaux, de l'armée et de la police. Les autres sont principalement agriculteurs et se distinguent peu des autres groupes ethniques.
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© Michel Lagarde