La société sherpa
L'organisation sociale de la société sherpa repose sur le clan. La société se composerait d'une vingtaine de clans patrilinéaires et exogames. Si elle n'est pas aussi strictement cloisonnée que la société hindouiste népalaise, elle possède néanmoins ses propres critères de différenciation sociale. Les clans n'ont pas un statut égal. Les clans les plus anciens occupent une position supérieure dans l'échelle sociale. Les rapports entre groupes, comme dans la société népalaise hindouiste, sont gouvernés par un certain nombre d'interdits.
Le clan
Le clan regroupe les personnes issues d'un même ancêtre... ru (os) disent les Sherpas. Les clans sont exogames. Le mariage sherpa ne peut être contracté qu'entre personnes appartenant à des clans différents. En marge de la structure clanique, précise l'ethnologue Marc Gaborieau, une strate composée d'immigrants tibétains plus récents, est considérée inférieure. Ils sont désignés « hors clan ». Ceux-ci, exerçant des métiers interdits aux Sherpas (forgeron, boucher), sont peu considérés et souvent même non désirés. Le mariage avec un « hors clan » est interdit.
Henri Sigayret (1997) a constaté que, mise à part la question du mariage, les Sherpas font de moins en moins référence aux clans aujourd'hui, la richesse semblant constituer le principal critère de hiérarchisation sociale.
La famille
La famille constitue la cellule de base de la société. Jadis, le père assurait une maison à ses fils. Le cadet héritait de la maison paternelle. Ce dernier en retour devait s'occuper de ses parents vieillissants. En l'absence de fils, le mari de la plus jeune des filles assumait le rôle dévolu normalement au cadet. L'espace habitable et surtout cultivable étant limitée dans les hautes montagnes, il est devenu de plus en plus difficile de perpétuer la coutume. Aujourd'hui, plusieurs jeunes délaissent les métiers traditionnels, par obligation ou par choix.
Les enfants sherpa sont désirés et aimés. Ils jouissent tôt d'une grande liberté. On les voit s'amuser entre eux sur les sentiers traversant les villages. Aussi charmants et turbulents que partout ailleurs.
J'ai été surpris de la sollicitude et de la patience dont font preuve les parents sherpa à l'endroit des plus jeunes. Mais j'ai aussi pu observer que les enfants doivent apprendre à se débrouiller tôt dans la vie et à partager les tâches domestiques trop accaparantes pour les seuls parents.
L'Éducation
Il y a quelques écoles élémentaires dans le Khumbu et un collège à Khumjung. Les Sherpas semblent valoriser l'éducation mais la fréquentation scolaire n'est cependant pas toujours à la hauteur des inscriptions. Les enfants ont beaucoup à faire à certaines périodes de l'année. De trop nombreuses familles, accaparées par la lourdeur des tâches quotidiennes, n'ont d'autres choix que de mettre les jeunes à contribution. D'autres n'ont sans doute pas encore réalisé toute l'importance de la connaissance dans ce monde en changement.
L'Égalité
Malgré leur sens de l'entrepreneurship, tous les Sherpas ne réussissent pas au même degré ni au même rythme. Malgré l'esprit communautaire qui l'anime, la société sherpa n'est pas égalitaire. Il y a les riches propriétaires de troupeaux de yacks, les aubergistes prospères, les guides de montagne qui gagnent bien leur vie et les petits éleveurs et cultivateurs qui triment dur pour joindre les deux bouts. Aucun système formel de redistribution de la richesse collective ne vient pallier ces différences. Chacun doit se débrouiller de son mieux.
La Sherpani
La Sherpani bénéficie d'un meilleur statut social que celui des femmes népalaises en général. Disposant de droits précis, elle demeure néanmoins assujettie à l'homme. Dans les faits, la Sherpani exerce souvent un grand rôle au sein du ménage y compris sur les dépenses du foyer. Mais elle travaille fort, à la maison et aux champs, le mari s'absentant souvent pour accompagner les expéditions alpines ou les expéditions de trekking.
Sherpani au Khumbu