Katmandou
Katmandou, la capitale, est une ville pauvre affectée de plusieurs maux : insalubrité de l'eau potable, coupures de courant, vétusté de nombreux bâtiments, pollution de l'air... Pour qui n'a jamais mis les pieds à Katmandou, le choc est brutal. Des rues étroites où piétons, rickshaws, véhicules et motocyclettes se disputent l'espace en douceur dans un concert de klaxons et de clochettes. Une foule bigarrée qui va et vient dans un brouhaha incessant. Des maisons vétustes accrochées les unes aux autres entourées de ruelles sombres et humides où l'on ne peut circuler qu'à pied. Des vaches « sacrées » déambulant dans la ville et les bouses laissées dans leur sillage. Des amoncellements d'ordures à ciel ouvert. Des fils électriques courant en désordre le long des bâtiments donnant l'impression que toutes les installations sont temporaires. Quel délabrement !
Malgré les infrastructures urbaines déficientes, la pollution, le délabrement des bâtiments, les coupures de courant, la cacophonie des klaxons, l'aura de Katmandou reste étonnamment magique. Cette ville charme ses visiteurs, à cause bien sûr de l'hospitalité de sa population, mais aussi parce qu'elle s'accroche obstinément à son passé.
Thamel
Thamel est le quartier où se regroupent les touristes. C'est ici que les alpinistes et les trekkeurs établissent leur quartier général durant leur bref séjour à Katmandou. Hôtels, pensions, guest houses, restaurants, pâtisseries, librairies, cafés internet, agences de trekking, boutiques de toutes sortes, matériel pour la montagne, souvenirs tourisques... bref, on y trouve de tout. En prime, des commerçants suppliants toujours disposés à négocier avec les clients hésitants. Le quartier est surpeuplé. On a peine à y circuler. Quel capharnaüm !
Durbar Square
Depuis Thamel, des rues étroites bondées de Népalais et de touristes conduisent à Durbar Square, le coeur du vieux Katmandou. Cette grande place plonge le visiteur dans l'histoire de la cité. Ancien palais royal Hanuman Dhoka gardé par le dieu-singe Hanuman. Kumari Bahal, maison de la déesse vivante Kumari. Statue de Kala Bhairab, le dieu féroce combattant les démons. Kasthamandap, vieux pavillon de bois duquel dériverait le nom de la cité. Temples consacrés à Shiva le dieu le plus vénéré du Népal, à Taleju la déesse tutélaire de la famille royale, à Krishna le dieu enjoué, à Ganesh le dieu à tête d'éléphant. Toutes ces divinités, et combien d'autres, semblent veiller sur la cité. Les Népalais viennent les honorer tour à tour puis s'arrêtent aux marchés à Asan Tole ou Indra Chowk, les carrefours les plus achalandés de la ville, qui ont néanmoins un petit air villageois. Au fil de la promenade, on se laisse tranquillement apprivoiser.
Bhaktapur
Des trois anciennes cités royales de la vallée, Bhaktapur est celle qui a le mieux conservé son aspect médiéval. C'est une ville habitée en grande majorité par des Newars principalement hindouistes. Ses quartiers d'habitation sont constitués de hautes maisons en briques rouges percées de fenêtres en bois adroitement sculptées. La circulation automobile y est restreinte. Les places et les rues bourdonnent d'activités : fabrication et séchage au soleil des poteries de toutes formes et de toutes tailles, teinture des écheveaux de laine, lessive à la main aux fontaines publiques, nettoyage et séchage du riz et du blé au temps des récoltes.
Malgré sa densité de population, Bhaktapur ressemble à un grand village. À une vingtaine de minutes de marche à peine des quartiers d'habitation, la cité étend ses immenses terres fertiles qui grouillent de vie aux temps des semailles et des récoltes. Elle prend alors des airs de campagne.
Durbar Square
Bhaktapur recèle de places et de monuments historiques de grande valeur artistique. Le Durbar Square, cœur de la cité, étale son vieux palais royal en briques rouges égayé de 55 fenêtres en bois sculpté, ses nombreux temples aux multiples toits de tuiles et la fameuse Sun Dhoka, une porte dorée finement décorée de bas-reliefs. Peut-être, l'œuvre d'art la plus achevée de la vallée.
Taumadhi Tole
Sur Taumadhi Tole, un place adjacente au Durbar Square, s'élève le temple Nyatapola, coiffé de ses cinq toits superposés. Consacré à Siddhi Lakshmi, la déesse protectrice de la cité, ce temple est sans conteste, le plus beau et le plus impressionnant de tous. Au sud-ouest de Taumadhi Tole, Potter's Square mérite aussi le détour. Dans les échoppes entourant l'esplanade, les potiers fabriquent pots et vases qu'ils font sécher sur la place.
Plus au sud, on rejoint les berges de la rivière Hanumante qui abritent les ghats de crémation. Ram Ghat, Chuping Ghat et Hanuman Ghat méritent une visite. En remontant vers le nord depuis Hanuman Ghat, on débouche sur Tachupal Tole, le centre historique de Bhaktapur. La vaste esplanade a pour principal point d'intérêt le temple de Dattatreya abritant une divinité vénérée autant par les vishnouites que les shivaïtes.
Patan
Située au sud de Katmandou, Patan, qu'on appelait jadis Lalitpur, la Belle Ville, est considérée comme le berceau des arts et de l'architecture newar qui ont marqué de leurs empreintes toute la vallée. Comme Bhaktapur, elle a mieux conservé son héritage culturel que la capitale. Plusieurs artisans y perpétuent la tradition de la ferronnerie et de l'orfèvrerie. La ville compte plus de 50 temples majeurs. De nombreux stupas, chaytyas et bahals (anciens monastères bouddhistes) attestent que Patan est resté un bastion de Newars bouddhistes.
Temples et palais sur Durbar Square à Patan
Les quatre stupas, érigés aux quatre points cardinaux, délimitaient à l'origine la cité. Situé au cœur de la ville, le Durbar Square, moins imposant que celui de Katmandou, n'en demeure pas moins l'une des plus belles places royales de la vallée. Cette place, fort animée, rassemble autour de l'ancien palais royal et de ses cours intérieurs (Sundari Chowk, Mul Chowk et Keshab Narayan Chowk), quantité de statues et de nombreux sanctuaires et temples à toits multiples superposés représentatifs de l'architecture newar. Le Sundari Chowk abrite en outre le Tusha Hiti, un bassin qui servait aux bains rituels de la famille royale, lequel est considéré comme un chef-d'œuvre de l'architecture de pierre. Le Keshab Narayan Chowk loge aujourd'hui le réputé musée de Patan, un incontournable pour mieux comprendre les cultures bouddhistes et hindouistes, et plus généralement les cultures de l'Himalaya. En face de ce vaste ensemble palatin, les temples de Krishna, de Hari Shanker, de Char Narayan et l'imposant temple de Bhimsen méritent qu'on s'y arrête.
En s'égarant dans les rues adjacentes, on pénètre dans l'intimité des quartiers newars. Les hautes maisons regroupées autour de cours intérieures, auxquelles on accède par des porches et des passages étroits, forment de véritables labyrinthes, lesquels constituent le cadre de vie de la communauté newar.
Au nord du square, le monastère bouddhiste Kwa Bahal (Golden Temple), le lieu de culte bouddhiste le plus fréquenté de la ville, ainsi que le temple de Kumbeshwar, l'un des deux temples à cinq toits superposés de la vallée, méritent le détour. Au sud du Square se trouve le célèbre temple de Machhendranath, l'un des temples les plus vénérés de Patan. Dédié au populaire dieu de la pluie et de l'abondance, Rato Machhendranath, le culte voué à cette divinité donne lieu au plus grand festival religieux de Patan, alors que son effigie est promenée pendant plusieurs jours sur un char à travers les rues de la ville juste avant la mousson.
Aux limites sud-ouest de Patan, Jawalakhel regroupe le plus grand nombre de réfugiés tibétains de la vallée. Ce quartier est l'un des principaux centres d'artisanat tibétain de la vallée.
Autres agglomérations de la vallée
Blottis au creux de la vallée ou perchés sur les crêtes qui l'entourent, plusieurs villes, bourgs et villages méritent une visite. Les uns pour leurs magnifiques vues panoramiques sur la chaîne de l'Himalaya et leurs superbes cultures étagées à flanc de colline. Les autres pour les nombreux temples et sanctuaires célèbres qu'ils abritent. D'autres encore pour l'atmosphère paisible de la vie paysanne contrastant avec l'agitation de la capitale. Les guides de voyage parcourus sont unanimes. Les villages de la vallée ont su, dans l'ensemble, préserver le style de vie newar traditionnel.
Pages complémentaires
Agglomérations de la vallée de Katmandou
Trekking dans la vallée de Katmandou
La vallée de Katmandou en bref
Superficie de la vallée : 570 km².
Située en zone subtropicale entre la chaîne du Grand Himalaya au nord et celle du Mahabharata au sud.
Altitude variant entre 1 200 et 1 500 mètres.
Culture du riz pendant la mousson, du blé et du maïs pendant la saison sèche.
Température variant entre zéro degré la nuit au plus fort de l'hiver et 30°C en été.
Habitants de la vallée
Les Newars, les Brahmanes et les Chhetris, originaires de la vallée, forment la majorité de la population. Sont venus se joindre de nombreux migrants : Tamangs et Gurungs des collines centrales ; Bhotias et Sherpas de la frange nord du pays à la frontière du Tibet ; Tharus, Majhis et Rajputs des basses terres du Teraï ; immigrés tibétains ayant fuient leur pays à la suite de l'annexion du Tibet par la Chine.
Indo-Népalais à l'heure de la puja
Lieux de culte... lieux de vie
Pashupatinath, Bodhnath et Swayambunath sont les lieux de culte les plus importants de la vallée. Fréquentés par une multitude de pèlerins et des sadhus venant de tout le sous-continent indien, ces sanctuaires sont, à l'image du Népal, des lieux de contastes : hindouistes et bouddhistes réunis dans un même lieu de culte, sadhus et moines en quête spirituelle, familles assistant dans le recueillement à la crémation d'un parent, prêtre brahmane officiant à une cérémonie religieuse, charmeurs de serpents semblant sortir tout droit d'un livre de contes pour enfants, singes querelleurs... Pour mieux saisir le Népal, une visite de ces lieux de culte est impérative.
Stupa de Swayambunath
Ce qui étonne dans la vallée, c'est que contrairement à chez nous en terre occidentale, où les oeuvres témoignant des arts du passé sont exposées dans des musées aseptisés, là-bas, ils sont lieux de vie. On flâne sur les gradins des temples plusieurs fois centenaires en observant l'animation alentour sous la bienveillante protection des divinités. On y bât le riz au temps des récoltes. On applique la tika sur les vieilles statues de Shiva, Vishnu, Ganesh et Hanuman à l'heure de la puja. Portant certes les marques de l'usure, les joyaux culturels des temps anciens sont associés au quotidien et à la vie collective des habitants de la vallée.
Temple de Shiva et Parvati
Patrimoine mondial de l'UNESCO
Katmandou, Patan et Bhaktapur étaient jadis trois royaumes distincts, rivalisant non pas avec des armes mais à coup de palais, de temples, de statues et autres oeuvres d'art.
La vallée de Katmandou compte sept sites classés sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO : le Durbar Square et la place Hanuman Doka de Katmandou, les Durbar Square de Patan et de Bhaktapur, les stupas bouddhistes de Swayambhunath et de Bodhnath ainsi que les temples hindous de Pashupatinath et de Changu Narayan. Ces ensembles historiques de monuments et constructions couvrent l'éventail des réalisations architecturales et artistiques qui ont rendu la vallée mondialement célèbre.
Promenades dans la vallée
Après quelques jours du rythme trépidant de Katmandou, de pollution incommodante, de circulation anarchique, prenez le bus ou le taxi, partez à pied ou à vélo. Empruntez les sentiers moins courus des campagnes environnantes pour plonger dans un univers paisible et pour découvrir les traces d'une civilisation ancienne encore bien vivante, imprégnée de la foi hindouiste et bouddhiste dans un syncrétisme qui n'a son pareil nulle part ailleurs.
Il est possible d'effectuer des randonnées à la journée ou des treks de quelques jours dans et autour de la vallée. Situés dans un rayon d'environ 30 km de Katmandou, des bus et des minibus desservent la plupart des villages de la vallée situés à proximité des routes. Pour davantage de flexibilité, on peut louer un taxi à la demi-journée ou à la journée, mais c'est plus cher. On peut aussi effectuer plusieurs promenades à pied dans la vallée. Ceux qui sont en bonne forme physique pourront louer une bicyclette, de préférence un vélo tout terrain (VTT) si la destination exige de parcourir les versants jusqu'aux crêtes.
Objets souvenirs de la vallée
L'artisanat de la vallée, riche et varié, offre un vaste choix de souvenirs : sculptures sur bois, objets en laiton ou en cuivre, bijoux de style newari, châles en laine, pulls en laine de yacks, étoffes tissées à la main, masques traditionnels en papier mâché représentant des divinités, tapis tibétains. Les antiquités sont au cœur d'un marché florissant mais la prudence est de rigueur. Plusieurs objets se vendant très chers n'ont rien d'antiques. Leur apparence a été vieilli artificiellement. C'est notamment le cas des thangkas, ces peintures religieuses sur toile d'inspiration tibétaine, sans doute parmi les souvenirs les plus recherchés par les touristes. Les connaisseurs suggèrent de porter attention à la finesse des détails pour en évaluer la qualité.
Changement et continuité
Les nostalgiques diront que Katmandou a bien changé. La cité a connu d'importantes transformations depuis l'ouverture du Népal sur le monde au début des années 1950. Derrière cette façade plus contemporaine subsistent néanmoins des traditions vivaces. Les récits de voyageurs, y compris les plus récents, font presque toujours état d'une ville qui s'accroche obstinément à son passé. Les villes secondaires et les villages de la vallée encore davantage. Le cœur de ces agglomérations semble rester à l'écart du modernisme, alors que le quotidien de ses habitants obéit toujours à un mode de vie perpétuant les traditions ancestrales.